Les Québécois doivent se mettre «les yeux devant les trous», a prévenu Pauline Marois, hier, après qu'un sondage CROP-La Presse eut révélé que son parti accuse un retard de 16 points sur le PLQ à trois jours du scrutin.

«J'aimerais que les Québécois réfléchissent et se mettent les yeux devant les trous», a déclaré la chef du Parti québécois, demandant si les électeurs veulent «faire confiance à quelqu'un qui pendant cinq ans nous a trompés, quelqu'un qui nous a caché la vérité».

 

L'enquête CROP-La Presse accorde 45% des intentions de vote au PLQ, contre 29% au PQ. L'ADQ obtient 15% de la faveur populaire. Pour le parti de Pauline Marois, c'est un recul de trois points par rapport au dernier coup de sonde, il y a 10 jours.

Au cours des derniers jours, les péquistes avaient pourtant bon espoir de combler l'écart avec le PLQ, portés par la performance de Pauline Marois au débat des chefs. Plusieurs observateurs considèrent qu'elle a remporté cet affrontement.

«On sait par les informations que nous avons à l'interne que la tendance est différente de ce que l'on voit ce matin», a assuré Mme Marois.

Le PQ est mêlé à de chaudes luttes à trois dans plusieurs circonscriptions, notamment au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Mauricie. Si ces circonscriptions penchent en sa faveur, dit la chef, tout est possible le soir du 8 décembre.

«Il y a un ressort qui doit être stimulé, a-t-elle déclaré. Et j'espère, pendant les jours qui viennent, que ma formation politique réussira à faire ça.»

La leader souverainiste a d'ailleurs accusé Jean Charest d'avoir trahi sa promesse de ne pas hausser les tarifs de garderie, d'avoir manigancé la fermeture de l'usine Donnacona «derrière le dos» de ses travailleurs et d'avoir caché les pertes de la Caisse de dépôt et placement.

Les libéraux ont «endormi» la population au cours des derniers mois, a dit Pauline Marois. Mais s'ils forment un gouvernement majoritaire le 8 décembre, ce sera le retour aux affrontements qu'on a connus avec la centrale électrique du Suroît ou encore la vente du mont Orford.

Elle a aussi fait signe aux électeurs de gauche qui seraient tentés d'appuyer d'autres formations. «Québec solidaire et les verts viennent effectivement morceler le vote progressiste», a-t-elle convenu.

Dumont garde espoir

Malgré les sondages défavorables, Mario Dumont n'a pas perdu espoir de former le prochain gouvernement. «Tous nos candidats veulent gagner et on garde le cap», a-t-il dit en matinée à ses militants à Joliette. Lundi soir, on va avoir des choses à célébrer. Il va y avoir des belles surprises pour nous au Québec.»

Souvent sous-estimé au cours de sa carrière politique, Mario Dumont croit que la situation est encore plus vraie cette fois-ci. Il entend redoubler d'efforts en fin de semaine pour convaincre les électeurs de son «message de changement».

«Les coups de sonde publics tirent dans toutes sortes de directions, a-t-il dit. On a déjà eu la démonstration qu'il n'y a pas de sondeur qui est capable de déterminer ce qui ce va arriver.»

Le chef de l'ADQ rappelle les résultats des dernières élections, alors que les sondeurs avaient été surpris par l'ascension de son parti comme opposition officielle à l'Assemblée nationale avec 41 députés élus. «Ce que je n'avais jamais vu jusqu'en 2007, c'est un parti qui perd 25% ou plus de ses appuis à deux jours du vote et qui les retrouve soudainement le jour du vote, dit Mario Dumont. C'est pourtant ce qui nous était arrivé.»