À moins d'une semaine du vote, la crise politique à Ottawa s'est invitée dans la campagne électorale à Québec. Mario Dumont a sommé Stephen Harper de reculer sur son énoncé économique et le Bloc de revenir sur son appui à la coalition PLC-NPD. Pendant que Jean Charest refusait de se mouiller, Pauline Marois voyait d'un bon oeil le dénouement probable de la crise.

«Le Bloc québécois avait le pouvoir de faire plier Stephen Harper. À la place de ça, ils ont décidé de couronner Stéphane Dion, s'est insurgé le chef de l'ADQ. C'est une erreur monumentale. C'est contraire à l'intérêt supérieur du Québec.»

 

M. Dumont a été étonné de voir qu'un parti souverainiste donne son appui tacite à une coalition formée de «deux partis centralisateurs « et dirigée par Stéphane Dion, reconnu comme le père la Loi sur la clarté référendaire. Il serait davantage dans l'intérêt des Québécois que le Bloc retire sa signature au bas de l'entente, selon l'adéquiste.

Dans une virulente sortie en règle, sa première à propos de la crise à Ottawa, M. Dumont a aussi sermonné le premier ministre conservateur qu'il avait appuyé lors de la campagne électorale fédérale. «Le premier qui doit et qui peut arrêter ce cirque-là, c'est Stephen Harper. En changeant son discours et en écoutant clairement les partis d'opposition. Il est minoritaire et c'est la première règle du jeu, a dit le chef adéquiste. Je ne sais pas s'il pense qu'il est bien parti, mais il est le seul. Il s'est lancé dans une direction qui était erronée sur la base d'une mauvaise compréhension de son mandat, qui est minoritaire.»

Marois appuie

L'appui du Bloc à un gouvernement dirigé par Stéphane Dion n'a rien d'incongru, a soutenu la chef du Parti québécois, Pauline Marois. Même si le chef libéral est le père de l'impopulaire Loi sur la clarté référendaire.

Si le gouvernement libéral-néodémocrate est porté au pouvoir par la gouverneure générale, des modifications au programme de péréquation permettront à Québec d'empocher un milliard de plus chaque année, a révélé Pauline Marois, qui s'était entretenu avec Gilles Duceppe ces derniers jours. «On ne va pas, quand même, sacrifier un milliard de dollars parce que Dion va être là pendant cinq mois «, a-t-elle indiqué, soulignant que le chef libéral quittera ses fonctions lorsque son parti lui aura désigné un successeur en mai.

En appuyant la coalition PLCNPD pour renverser le gouvernement conservateur de Stephen Harper, le Bloc québécois a fait davantage pour le Québec en quelques jours que Jean Charest en six ans, a estimé Mme Marois. «Le Bloc a fait preuve de pragmatisme et de sens des responsabilités», a clamé la chef péquiste.

De son côté, Jean Charest a dit souhaiter «le plus rapidement possible» un dénouement à la crise politique qui secoue Ottawa. Mais il se garde de bien de dire s'il privilégie le maint ien du gouvernement conservateur ou l'avènement d'une coalition formée des partis d'opposition.

«Je souhaite le plus rapidement possible qu'on ait devant nous un dénouement, qu'il y ait un gouvernement qui a un agenda économique «, a-t-il affirmé en conférence de presse, hier.

M. Charest souhaite que les Communes se concentrent dans les plus brefs délais sur l'économie. Une importante réunion de travail de tous les premiers ministres du Canada doit avoir lieu en janvier, a-t-il souligné.

Jean Charest reconnaît que les intérêts du Québec, dont il se dit le défenseur, sont en jeu dans cette tourmente politique. Mais il refuse de dire quel scénario servirait le mieux ces mêmes intérêts. «Mon rôle, c'est de défendre les intérêts du Québec peu importe qui sera mon vis-à-vis à Ottawa», a-t-il dit.

Plus tard dans la journée, alors que le caucus libéral venait de désigner Stéphane Dion comme chef de la coalition, Jean Charest n'a pas voulu en dire davantage. «Les choses changent rapidement, alors je n'ai pas l'intention de commenter ce qui se passe à Ottawa», a-t-il affirmé.