Le milieu de la santé est déçu, mais pas surpris d'apprendre que le premier ministre Jean Charest refuse de réitérer son engagement de réduire à 12 heures l'attente dans les urgences d'ici 2010.

Hier, La Presse révélait que le temps d'attente moyen dans les urgences du Québec a été de 16 heures durant les six premiers mois de 2008. Durant son mandat en 2005, M. Charest s'était engagé à réduire l'attente aux urgences à 12 heures d'ici 2010. Hier, il a refusé de répéter cet objectif. «Ça ne me surprend pas de M. Charest. Il promet toujours plein de choses en santé, mais il ne tient jamais ses promesses. Au moins, cette fois-ci, il avoue qu'il sera incapable de tenir parole», critique la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Lina Bonamie. Selon Mme Bonamie, M. Charest donne l'impression «d'abandonner les urgences alors qu'il avait promis de régler le problème».

Au Conseil pour la protection des malades (CPM), on déplore la frilosité du gouvernement Charest. «On veut qu'un parti s'engage à ce que tous les Québécois soient traités dans les délais requis gratuitement. Quelqu'un pourrait-il pour une fois faire cette promesse et la respecter?» demande le président du CPM, Paul Brunet.

Il est parfaitement possible de réduire le temps d'attente aux urgences selon la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). «Il aurait été possible d'atteindre la cible de 12 heures en 2010. Possible, mais pas simple», affirme le directeur de la planification à la FMOQ, le Dr Serge Dulude.

M. Dulude explique que la solution passe par une multitude de facteurs. Entre autres, les urgences devraient avoir de meilleures installations et suffisamment de personnel. «Les cliniques réseau et les groupes de médecine de famille devraient aussi être plus développés. À Montréal, on a développé les cliniques réseau et les résultats aux urgences s'améliorent tranquillement», explique-t-il.

Les soins à domicile et l'hébergement des personnes âgées devraient aussi être mieux développés afin de libérer des lits dans les hôpitaux.

«Et, bien sûr, l'accès aux médecins de famille devrait être facilité. Si tout le monde avait un médecin de famille, les gens iraient moins à l'urgence pour de petites maladies, dit le Dr Dulude. On pourrait aussi faire plus de prévention.»

Mme Bonamie croit elle aussi que le problème des urgences pourrait être réglé «si le gouvernement le voulait vraiment». Mme Bonamie craint que M. Charest soutienne que le réseau public est incapable de régler seul le problème des urgences et qu'il se tourne vers le secteur privé pour résoudre la crise. «On voit le penchant du gouvernement pour le privé et j'ai bien peur qu'on y ait recours de plus en plus», dit-elle. Un avis partagé par le CPM.