Jean Charest dit avoir les «mains libres» pour défendre les intérêts de l'ensemble des Québécois, contrairement à Mario Dumont et Pauline Marois. Il invite les électeurs à se «libérer» des «menottes» du mouvement souverainiste en lui confiant un mandat fort.

Au lendemain d'un débat où il a été placé sur la défensive et mitraillé par ses adversaires, le chef libéral a éludé les questions des journalistes sur sa performance, préférant souligner à gros traits une déclaration faite par Mme Marois. Mardi soir, la chef péquiste a dit avoir les «mains attachées avec le mouvement souverainiste». M. Charest a vite récupéré cet «aveu» à son avantage.

 

«Moi, je peux vous dire, comme premier du Québec, j'ai les mains libres. Vous en avez eu la démonstration dans la dernière campagne fédérale. Je suis le seul des trois chefs capable de parler au nom de tous les Québécois sur tous les enjeux», a affirmé M. Charest, de passage à Shawinigan, hier.

«Mme Marois le confirme: elle a les deux mains attachées au mouvement souverainiste, et donc le Bloc québécois, a-t-il ajouté. M. Dumont, lui, a décidé de s'attacher au Parti conservateur.»

En soirée à Laval, au cours de son plus grand rassemblement de la campagne, Jean Charest en a remis. Dans une formule alambiquée, il a repris la déclaration de Mme Marois et invité les Québécois à lui confier un mandat fort. «Le choix que je vous propose est le suivant: détachons-nous les mains au Québec. Enlevons les menottes que Mme Marois a d'attachées à ses mains. Libérons les mains du prochain premier ministre du Québec pour construire un nouvel espace économique. Détachons-nous les mains, disons oui à l'emploi, disons oui à l'économie d'abord, oui au Parti libéral du Québec», a-t-il lancé devant plus de 1500 militants.

À la sortie du débat, mardi soir, Mme Marois avait dû expliquer ses propos. «J'aurais dû dire que nous sommes liés solidairement derrière notre projet.» Hier, la chef péquiste a riposté à son adversaire. «Venant de Capitaine Canada, ça ne fait pas très sérieux, vous ne trouvez pas? Je ne suis pas certaine que M. Charest ait les mains libres. Mais ce dont je suis certaine, malheureusement, c'est qu'il a les deux genoux par terre devant Ottawa», a-t-elle affirmé.

Jean Charest a refusé une fois de plus de répondre aux questions sur l'état des finances de la Caisse de dépôt. Hier, la Banque Nationale a décidé de déprécier de 32% la valeur de ses papiers commerciaux adossés à des actifs. Desjardins a déjà fait passer le taux de dévaluation de ses PCAA à 30%.

La Caisse a prévu une radiation de seulement 15%, c'est-à-dire des pertes de 1,9 milliard de dollars. Est-ce qu'elle sous-estime les pertes comparativement aux autres institutions financières? «La Banque Nationale gère ses affaires, la Caisse gère ses affaires», a répondu M. Charest. Le bas de laine des Québécois détient 12,6 milliards de ces PCAA viciés.