Pauline Marois cherchait depuis le début de la campagne un angle d'attaque. Un point faible dans l'armure de Jean Charest, qui caracole en tête des sondages. La chef péquiste croit l'avoir trouvé, à temps pour le débat des chefs.

Les déboires à la Caisse de dépôt et la controverse sur les prévisions économiques du gouvernement lui donnent ses premières munitions contre Jean Charest. Elle affronte en plus l'adversaire sur son propre terrain: l'économie.

Mais Pauline Marois a pris un retard considérable sur Jean Charest à la suite d'un départ difficile. Les faits saillants de son début de campagne se déclinent comme un chapelet de mauvaises nouvelles. La chef péquiste est d'abord la cible d'un tir ami avec la fuite, dans La Presse, d'un document interne la décrivant comme «snob» et «loin des problèmes des gens». Puis, une assemblée d'investiture du PQ tourne à la foire d'empoigne à la suite du rejet de la candidature de l'ex-député Jean-Claude St-André. Un cafouillage mène au dévoilement en catimini de la plateforme électorale, rendue publique en soirée sur le site web du parti.

Le lendemain, la chef péquiste se fait larguer par un allié naturel, la FTQ. Elle est privée d'un important soutien sur le plan de l'organisation au moment même où les coffres de son parti sont vides.

Les choses se replacent un peu par la suite. Mme Marois prend son engagement le plus important de la campagne: «un enfant, une place» en garderie à 7$. Mais au fil des jours, les similitudes entre ses engagements et ceux des libéraux deviennent de plus en flagrantes.

Pauline Marois se met ensuite dans l'embarras en affirmant qu'elle ne regrette pas les mises à la retraite de milliers de médecins et d'infirmières au moment de la lutte au déficit zéro. Jean Charest ressuscite l'une de ses attaques fétiches contre le PQ. «J'en ai ras le bol!» lance Mme Marois, excédée que son adversaire blâme l'ancien gouvernement péquiste.

La chef du PQ joue parfois d'audace. Elle brise un tabou, celui du déficit. Une gouvernement péquiste serait dans le rouge pendant deux ans puis retrouverait l'équilibre budgétaire, affirme-t-elle, reprochant à Jean Charest de ne pas reconnaître le trou budgétaire qu'il a creusé.

Chose surprenante, Mme Marois vient de ramener l'idée d'un référendum, elle qui avait relégué la souveraineté à l'arrière-plan de sa campagne dès le déclenchement des élections. Un gouvernement péquiste pourrait aller jusqu'à tenir un référendum si Ottawa refusait le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs en matière de culture et de communications. «Ce n'est pas une menace en l'air», dit Mme Marois à Tout le monde en parle.

Jusqu'ici, l'autobus de la chef péquiste ne fait pas d'excès de vitesse. Le rythme de la campagne est très modéré. L'état de santé de la chef inquiète, ont confié des sources internes la semaine dernière. Pauline Marois espère avoir clos le débat avec sa marche matinale, fort médiatisée, au mont Royal.

Elle se présentera au débat des chefs ce soir après un concile de presque trois jours avec ses conseillers. «Il y a un peu de pression sur moi», a reconnu hier la chef péquiste qui, avec son nouvel angle d'attaque, espère faire bouger l'aiguille des sondeurs.