À la veille du débat des chefs, Jean Charest tente de réduire les attentes et se pose déjà en victime face à ses adversaires péquiste et adéquiste. Hier, le chef libéral a estimé que ce serait une erreur de donner trop d'importance à la joute oratoire de demain soir.

«Chaque jour de campagne compte, a-t-il dit. Moi, je n'ai jamais pensé que le débat était en soi l'ingrédient dominant d'une campagne électorale, même s'il y a encore des gens qui pensent que, en 2003, ça avait été un tournant.»

 

Dans le débat qui l'avait opposé au premier ministre sortant Bernard Landry, en 2003, le chef libéral avait sorti un lapin de son chapeau: une déclaration que Jacques Parizeau avait faite le jour même et qui mettait le chef du Parti québécois dans l'embarras.

Au débat de 2007, Mario Dumont avait pris l'avantage dans la campagne en brandissant un document qui, à son tour, avait mis M. Charest dans l'embarras.

«À quel point (le débat) va peser sur la décision des gens, on verra, mais ce n'est pas le seul ingrédient», a estimé le chef libéral.

Il a répété, hier, qu'il craint d'être la cible des attaques de ses deux adversaires. Des attaques qu'il juge jusqu'à présent inacceptables.

«Dans la campagne actuelle, les insultes et les attaques personnelles ont été plus nombreuses que dans toutes les campagnes que j'ai vues», a-t-il martelé tout en refusant de préciser de quelles attaques il s'agit.

Dans les deux dernières semaines, Pauline Marois et Mario Dumont ont tour à tour traité le chef libéral de menteur, de lâche ou de spéculateur. La chef péquiste a même demandé si M. Charest est «impuissant» pour ce qui est de régler les problèmes du système de santé.

«J'espère que Mme Marois et M. Dumont ne se prêteront pas au même discours au débat des chefs», a dit le chef libéral hier, de passage à Laval.

Il avait lui-même pourtant passé la campagne de 2007 à qualifier d'immatures ses adversaires, Mario Dumont et André Boisclair, alors chef du Parti québécois.

Jean Charest a aussi passé les 20 derniers mois à traiter Mario Dumont de girouette. Il a affirmé à maintes reprises depuis le début de la campagne que les priorités du chef adéquiste «changent chaque jour».

«Se laisser aller à l'insulte, ce n'est pas ce que les Québécois souhaitent, a-t-il dit hier. Il y a un cliché qui dit que, si les gens s'adonnent à l'insulte, c'est parce qu'ils sont à court d'arguments. Il y a une vérité là-dedans.»

M. Charest s'attend à ce que le débat de demain soit dur et que ses deux adversaires «fassent équipe ensemble» pour l'attaquer.

«Je n'ai pas l'impression qu'on va m'épargner sur aucun sujet», a-t-il souligné.

Il entend donc se concentrer sur son plan pour l'avenir du Québec et essayer de faire passer son message, a-t-il indiqué. Mais il a aussitôt ajouté qu'il ne se gênera pas pour comparer ses actions «avec les actions des gouvernements du Parti québécois et de Mme Marois».

«Je le ferai parce qu'il faut le faire», a conclu le chef libéral.