À chaque campagne électorale, c'est la même chose du côté de Rivière-du-Loup: on entend immanquablement des rumeurs selon lesquelles Mario Dumont est en difficulté dans sa circonscription.

Pourtant, tous les soirs de scrutin depuis 1994, il gagne avec une confortable majorité.

S'il n'en tenait qu'au milieu des affaires et aux élus locaux, toutefois, il est loin d'être certain que Mario Dumont remporterait la mise pour la cinquième fois de suite dans Rivière-du-Loup, Les actions du chef de l'ADQ sont fortement à la baisse chez les leaders économiques et politiques de son coin de pays.

 

La grande région de Rivière-du-Loup, comme bien des régions au Québec, connaît des problèmes de relève, la pauvreté y est répandue - surtout hors des villes - et l'exode des jeunes se traduit, inévitablement, par un vieillissement accéléré de la population.

Les familles sont en général plus pauvres. Leur revenu accuse un retard de 12 000$ par année sur la moyenne québécoise

Le taux de chômage, par contre, est moins élevé qu'il y a quelques années, si bien qu'il se situe à peu près dans la moyenne québécoise.

Quel a été l'impact du député Mario Dumont sur la vie économique de la région? Nul, au mieux, mais très souvent négatif, répondent les gens du milieu que La Presse a interrogés.

On accuse le député de Rivière-du Loup d'avoir tourné le dos à sa région, de l'avoir trahie même par opportunisme politique, de ne pas être suffisamment présent et de s'attribuer le mérite de certaines réalisations pour lesquelles il n'a rien fait.

Premier reproche: ne pas être intervenu quand le gouvernement Charest a modifié le Programme de subventions aux régions ressources, désavantageant la région de Rivière-du-Loup.

«On aurait souhaité un plus grand appui du député local et qu'il soit plus présent pour sa région, mais il a préféré protéger la base électorale de son parti en Beauce et dans la région de Québec, deux régions qui ont réclamé des modifications au Programme de subventions pour les régions ressources», lance Michel Lagacé, président de la Conférence des élus du Bas-Saint-Laurent.

Selon M. Lagacé, Mario Dumont «a oublié d'où il vient et il refuse de se mouiller» pour sa région.

«Il préfère observer plutôt que se mouiller, et les élus doivent se mouiller, reprend M. Lagacé. J'ai déjà eu beaucoup d'espoirs avec Mario Dumont, mais il n'a rien fait. Il s'est attribué la paternité de certains projets alors qu'il n'y a jamais touché.»

Les deux circonscriptions voisines, Kamouraska-Témiscouata et Matane, se tirent beaucoup mieux d'affaire parce que leur député respectif, le libéral Claude Béchard et le péquiste Pascal Bérubé, défendent leur région, ajoute M. Lagacé.

Autre sujet de mécontentement: l'inertie de Mario Dumont devant la réforme de la carte électorale. «On perd du poids et Mario Dumont préfère s'abstenir», déplore M. Lagacé.

Si le bilan économique de Mario Dumont est mitigé, ses promesses électorales, elles, passent encore moins bien, en particulier celles de retrancher un milliard de dollars des subventions aux entreprises et de réduire la fonction publique.

«Mario Dumont dit à Jean Charest d'aller chercher le plus d'argent possible à Ottawa, mais il promet lui-même d'enlever un milliard aux entreprises, s'insurge Michel Lagacé. Ce n'est vraiment pas le temps de délaisser les entreprises, surtout pas dans une région comme la nôtre.»