Vingt-quatre heures après avoir prononcé son mea-culpa, Mario Dumont invite ses adversaires à l'imiter. Le chef adéquiste a sommé Jean Charest et Pauline Marois d'admettre les torts de leurs gouvernements respectifs, hier, se présentant comme le seul à avoir eu l'humilité de s'excuser aux Québécois.

Le chef de l'ADQ a reconnu dimanche être responsable des déboires de son parti, avouant du coup que son équipe n'avait pas l'expérience pour fournir une opposition efficace au gouvernement Charest. Mais après cet acte de contrition, il est vite passé à l'attaque. Car les erreurs de son parti, a-t-il laissé entendre, sont bien moins graves que celles de ses adversaires.

«On pourrait prendre une erreur d'un député adéquiste sur le plan de la procédure parlementaire, incluant les miennes, a-t-il dit. Il n'y a pas de monde qui en ont souffert par des semaines ou des mois d'attentes pour une chirurgie. Il n'y a personne qui a souffert pendant des périodes infinies dans des corridors.»

M. Dumont s'est dit estomaqué d'apprendre que Pauline Marois n'a aucun regret pour avoir mis 1500 médecins et 4000 infirmières à la retraite dans les années 90. La chef péquiste avait affirmé la veille qu'elle n'hésiterait pas à le refaire, placée dans la même situation. Hier soir, elle a justifié la décision de son gouvernement en affirmant qu'il «n'avait pas le choix» dans les circonstances.

«C'est une chose en politique de ne pas être capable d'admettre ses erreurs, a-t-il dit. Mais c'est une chose bien plus grave de ne pas être capable d'admettre les conséquences, les effets de ces erreurs sur la vie des gens.»

M. Dumont a ensuite accusé Jean Charest de profiter de la campagne électorale pour s'approprier un projet qu'il tente de faire avancer depuis des mois à l'Assemblée nationale. Le premier ministre sortant a annoncé hier une aide de 35 millions pour les couples stériles (voir autre texte en page A5). Depuis des mois, les libéraux bloquaient le projet, malgré l'insistance de l'Action démocratique et du Parti québécois.

«C'est un manque d'honneur de ne pas être capable de reconnaître aujourd'hui qu'il s'est trompé, et de le faire correctement, humblement, de dire «je me suis trompé, je n'aurais jamais dû bloquer ça», a-t-il scandé. L'ADQ, le PQ avait raison d'aller de l'avant avec ça.»

»Différence»

Relancé sur son mea-culpa de dimanche, Mario Dumont a refusé de donner des exemples des «erreurs» qu'il a commises en 18 mois comme chef de l'opposition. Il a préféré mettre l'emphase sur la «différence» de son parti par rapport aux autres.

À cet égard, l'absence de remords des chefs libéral et péquiste témoigne de leur «arrogance», accuse M. Dumont. Même chose pour les milliards de dollars qu'ils font pleuvoir depuis le début de la campagne sous forme de promesses électorales. «Soit c'est de l'endettement futur, soit ce sont des choses qui ne se réaliseront pas, a-t-il dénoncé. Dans les deux cas, c'est un grand manque de respect pour la population.»

Il rappelle que son parti est le seul à avoir déposé un cadre financier, pendant que les autres versent dans la «politique spectacle». Jean Charest a refusé de dévoiler le sien, ce week-end, affirmant qu'il dévoilerait sa plateforme électorale d'ici la semaine prochaine.

«Les gens sentent qu'ils font rire d'eux par les politiciens qui disaient hier qu'on est en crise financière. Et aujourd'hui, ils promettent des milliards.»