Malmené par ses adversaires pour son bilan en santé, Jean Charest y est allé de ses premières annonces en la matière hier. S'il était reporté au pouvoir, il donnerait une prime salariale de 3000$ par année aux infirmières techniciennes et bachelières pendant leurs trois premières années d'exercice.

Cette prime serait de 2000$ par année pour les infirmières auxiliaires. Les infirmières comptant plus de 35 ans d'expérience et qui acceptent de retarder leur retraite auraient quant à elles droit à une prime annuelle de 8000$ pour chaque année supplémentaire passée dans le réseau public.

 

«On veut alléger le fardeau des infirmières en attirant davantage de nouvelles infirmières et en améliorant leur vie au quotidien», a déclaré le chef libéral, de passage à la faculté de science infirmière de l'Université de Montréal.

«Nous reconnaissons que l'entrée dans la profession représente un défi particulier. Nous voulons consolider l'engagement des jeunes infirmières. Notre engagement vise aussi à rendre la profession plus attrayante. Le métier d'infirmière est un travail difficile, où les heures supplémentaires sont très répandues. On veut apporter un peu plus de stabilité dans leur vie.»

Questionnées en marge de l'annonce, plusieurs étudiantes en science infirmière de l'Université de Montréal se sont montrées dubitatives devant cet engagement. «D'un côté, c'est bien. Il y a plus d'argent. Mais le vrai problème, c'est la surcharge de travail et les heures supplémentaires obligatoires qu'on nous force à faire, a affirmé Cassandra Joseph. Ces 3000$ supplémentaires, on peut les gagner très facilement en faisant des heures supplémentaires ou en travaillant pour une agence», a-t-elle ajouté.

Même son de cloche du côté de la Fédération interprofessionnelle de la santé (ancienne Fédération des infirmières du Québec). «Ce que promet M. Charest, ce sont des clauses que nous réclamions lors des dernières négociations de 2005. Son gouvernement n'a rien voulu savoir de nos demandes, et finalement, nous a imposé une convention collective par décret, a déploré la présidente, Lina Bonamie. Je note aussi que la très grande majorité des infirmières ont plus de trois ans d'expérience et moins de 35 ans d'ancienneté. Je n'ai rien entendu de la part de M. Charest pour elles.»

Le Parti libéral s'est également engagé à augmenter le nombre de postes à temps plein disponibles dans le réseau de la santé pour les infirmières, faisant passer sa proportion de 45% à 60%. «Ça c'est un engagement qu'on ne peut qu'applaudir», a cette fois-ci commenté Mme Bonamie.

En moyenne, en comptant les heures supplémentaires et les avantages sociaux, les infirmières bachelières québécoises gagnent actuellement 73 408$ par année, alors que les techniciennes gagnent 62 400$.

Bilan de Pauline Marois

Jean Charest a une fois de plus attaqué Pauline Marois pour les mises à la retraite massives faites sous le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard. Au total, quelque 4000 infirmières avaient à l'époque été mises à la retraite.

Depuis son arrivée au pouvoir, le Parti libéral affirme avoir ajouté 3000 infirmières dans le réseau de soins de santé, soit une augmentation de 5%. «Depuis 2003, on a réinvesti, réorganisé, redressé un système de santé et services sociaux menacé par des pénuries de personnel, a affirmé M. Charest. On n'a pas tout réglé, on le reconnaît bien, mais on a fait beaucoup de chemin depuis les cinq dernières années.»