En termes à peine voilés, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a accusé Jean Charest de faire preuve de favoritisme dans l'attribution de contrats d'approvisionnements en bois. Si les usines de Senneterre et de Donnacona ont été traitées de façon «inéquitable» par le gouvernement, c'est parce qu'elles se trouvent dans des circonscriptions détenues par l'opposition, laisse-t-elle entendre.

«Je prends l'engagement que l'attribution des CAAF (contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier) ne se fera pas selon la couleur politique des gens. Nous n'avons jamais agi comme ça au Parti québécois», a affirmé Pauline Marois en conférence de presse.

Dans sa tournée des trois circonscriptions de l'Abitibi-Témiscamingue, toutes remportées par le PQ l'an dernier, Pauline Marois a rendu visite aux travailleurs de l'usine de Tembec à Senneterre. Québec a réduit de 49% les droits de coupe de cette entreprise, située dans Abitibi-Est, a-t-elle déploré. Or la plupart des usines s'en sont tirées avec des réductions autour de 20%, ce que recommandait le rapport Coulombe.

La chef péquiste a également affirmé que le gouvernement Charest a cautionné la fermeture de l'usine Abitibi-Bowater de Donnacona, dans Portneuf, une circonscription adéquiste. Il a «négocié dans le dos des travailleurs» le transfert des activités et des contrats d'approvisionnement en bois vers d'autres usines, à Grand-Mère, dans Laviolette, le fief de la ministre Julie Boulet. Une usine de Dolbeau, dans un péquiste, en a également profité.

La chef péquiste n'a pas voulu accuser directement le gouvernement de favoritisme. Mais elle a laissé planer ses accusations, martelant que ces usines ont été traitées «inéquitablement».

Y-a-t-il de la politique dans l'attribution des contrats, lui a-t-on demandé. «Tirez vos propres conclusions. (...) Je vous donne deux exemples où on a défavorisé des entreprises, à Donnacona et Senneterre», a-t-elle répondu. Elle a également assuré qu'un gouvernement péquiste ne donnerait pas les contrats «selon la couleur politique des gens».

Un travailleur de l'usine de Senneterre, Alain Caron, ancien président du syndicat, estime lui aussi que le gouvernement chouchoute les circonscriptions libérales. «En démocratie, un gouvernement, même si une région n'a pas voté pour toi, tu es là pour représenter le peuple au complet. Tu n'es pas là pour faire de la discrimination entre une place et une autre. M. Charest, c'est ça qu'il fait : tu as voté pour moi, je te donne ça; toi, tu n'as pas voté pour moi, bien on verra.»

Mercredi, le président d'une scierie de Saint-Raymond de Portneuf, Jean-François Dion, a accusé lui aussi le gouvernement Charest de favoritisme. La ministre des Ressources naturelles, Julie Boulet, lui a retiré ses droits sur 47 000 mètres cubes de bois pour les confier à des scieries de sa circonscription, a-t-il indiqué.