L'engagement libéral de hausser le salaire minimum risque d'augmenter le chômage en période de ralentissement économique. Avec deux hausses de 50 cents l'an prochain et en 2010, Jean Charest a mis de côté une formule appliquée par Québec depuis 2002.

La semaine dernière, dans le cadre des engagements économiques de son parti, Jean Charest a fait savoir que les libéraux comptaient augmenter deux fois, en 2009 et 2010, le salaire minimum. Deux majorations de 50 cents qui porteront le salaire minimum à 9,50$ en 2010.Depuis 2002, le gouvernement du Québec s'en était pourtant remis à une formule complexe pour établir ces hausses. Onze variables font partie du calcul établi par le ministère du Travail, notamment l'inflation, le salaire industriel moyen, et la compétitivité des entreprises québécoises. Cette formule est toutefois indicative, le gouvernement n'étant pas légalement forcé de l'appliquer.

Normalement, le taux du salaire minimum ne doit pas dépasser 45% du salaire industriel moyen, rappelle l'économiste Pierre Fortin, spécialiste en ces matières. Les hausses annoncées la semaine dernière présument d'une forte croissance du salaire moyen, ce qui semble douteux en période de ralentissement économique.

Le salaire minimum est au Québec déjà parmi les plus élevés en Amérique du Nord. Une hausse allant jusqu'à 50% du salaire moyen est possible, mais au-delà les signaux d'alarme s'allument. Si le salaire est trop élevé, les entreprises freinent la création de postes.

Par exemple, en France, le salaire minimum atteint 60% du salaire moyen; conséquence, le chômage des jeunes y atteint les 20%.

Passablement critique, le Conseil québécois du commerce de détail se dit «surpris et déçu» par l'annonce du PLQ qui ferait augmenter de 18,5% le salaire minimum entre avril 2008 et mai 2010.

Gaston Lafleur, directeur général du CQCD, prédit que les petits commerçants réduiront les heures de travail des petits salariés pour tenir compte des coûts croissants de leur main-d'oeuvre.

«Il est hasardeux pour le premier ministre de faire une telle annonce au moment où l'économie québécoise s'apprête à affronter une tempête dont on ne connaît encore ni l'ampleur, ni les conséquences. Dans ce contexte, il est impensable que le gouvernement s'engage dans de nouvelles hausses aussi importantes à court terme», souligne M. Lafleur.

Le secteur du commerce prévoit une hausse de 2,2% de la masse salariale, en 2009, et est conscient de la pression suscitée par la rareté de la main-d'oeuvre. Mais la hausse proposée par le PLQ est «démesurée et hasardeuse dans le contexte économique actuel et appréhendé», affirme l'organisme qui représente 56 000 commerces comptant 500 000 employés.