Les esprits se sont refroidis au Parti québécois au lendemain de la foire d'empoigne qui a troublé l'investiture du candidat dans la circonscription de L'Assomption.

Pauline Marois a tenu son plus important rassemblement depuis le début de la campagne électorale dans une école de la Petite-Patrie, où seulement une dizaine de personnes ont manifesté contre le rejet de la candidature de Jean-Claude St-André.Escortée de ses gardes du corps et sous la surveillance de policiers, Mme Marois a fait son entrée dans l'école où l'attendaient environ 450 militants.

Sur son passage, une poignée de manifestants - des membres du PQ mais aussi du Parti indépendantiste et des Jeunes patriotes, dont certains étaient à L'Assomption samedi - ont chanté «Solidarité pour M. St-André, ensemble nous vaincrons», reprenant l'air d'un hymne syndical. Ils n'ont pas tenté d'entrer dans l'école.

Aux militants péquistes venus entendre Mme Marois, ces manifestants ont distribué dans le calme des tracts qui condamnaient le rejet de la candidature de M. St-André.

Selon Pauline Marois, l'ex-député de L'Assomption (1996-2007), associé aux souverainistes purs et durs, ne pouvait représenter le PQ, notamment parce qu'il ne s'est pas rallié à la décision du parti de laisser tomber l'obligation de tenir un référendum dans un premier mandat.

Seule la candidature de Scott McKay, ex-chef du Parti vert, a été jugée recevable. Elle est devenue officielle samedi lors d'une assemblée d'investiture qui a viré à la foire d'empoigne.

«Mme Marois va entendre parler de nous tout au long de la campagne. On ne la lâchera pas. Et si cela doit nuire à sa campagne et aider les autres partis, ce sera son problème. Elle l'aura cherché», a affirmé François Gendron, membre du PQ et militant des Jeunes patriotes.

Pour Luc Bertrand, qui a siégé à l'exécutif local de l'Assomption jusqu'à l'automne 2007 mais qui n'est plus membre du PQ, «la violence n'aide aucune cause, mais parfois c'est inévitable. (La bagarre), c'est le seul moyen qu'on a pu trouver pour amener les gens à réfléchir. L'exécutif national a passé par-dessus la tête de l'exécutif local, qui appuyait M. St-André et demandait l'annulation de l'assemblée.»

Les membres du PQ venus entendre Mme Marois ont condamné l'attitude des manifestants. «Ce sont des bums, et St-André est un trouble-fête. Je trouve dommage qu'une campagne électorale puisse virer de bord pour une douzaine de personnes qui font de la petite merde», a lancé Jean St-Louis.

Patrick Scenno se dit inquiet de l'impact que pourrait avoir cette histoire sur la campagne du PQ. «Ça démontre aux libéraux et aux fédéraux qu'on est une gang de clowns et qu'on se chicane entre nous.»

Pauline Marois dit «déplorer profondément l'événement malheureux » de samedi. « Ça ne fait pas partie des habitudes du Parti québécois», a-t-elle noté lors d'un point de presse. Elle espère que Jean-Claude St-André «mettra de côté toute forme d'action qui pourrait nuire à cette campagne parce que cette campagne vise aussi à faire avancer le Québec vers sa souveraineté». Il a fait appel aux services d'un avocat et annoncera aujourd'hui s'il intente une poursuite contre son parti. Le directeur de la revue L'Action nationale, Robert Laplante, aussi associé aux purs et durs, et le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu, ont pris sa défense hier.

L'assemblée d'investiture de Nicolas Girard, dans Gouin, a été l'occasion pour Pauline Marois de tenir son rassemblement le plus important depuis le début de la campagne et de présenter les candidats de l'île de Montréal.

La chef péquiste a mené une charge à fond de train contre Jean Charest, ignorant Mario Dumont comme elle le fait presque toujours dans ses discours. «L'élection des libéraux, c'est la pire chose qui soit arrivée à Montréal», a-t-elle lancé. Les défusions «chaotiques» font que «les citoyens vont payer à vie 30 millions de dollars par année à certaines des municipalités les plus riches du Québec». Pour ce qui est du nouveau CHUM, «le projet recule aussi vite que la facture augmente». «Le français recule à Montréal», et la «solution» de Jean Charest, «c'est acheter des panneaux publicitaires avec votre argent».

«Les libéraux ont érigé un véritable monument à la gloire de leur incompétence, ça s'appelle l'îlot Voyageur de l'UQAM», a-t-elle ajouté.

Dans le bastion péquiste de Gouin, Pauline Marois a abordé la question de la souveraineté plus longuement qu'à l'habitude. «Pour nous, la souveraineté, ce n'est pas courir après un référendum. C'est gouverner pour faire grandir la liberté du Québec, cette liberté de pouvoir décider pour lui-même sans attendre la permission d'une autre nation. Nous pensons que la souveraineté se bâtit par la somme des victoires que nous remportons jour après jour.»

Avec Violaine Ballivy et Philippe Orfali.