On dit souvent que Mario Dumont est le plus vieux de nos jeunes politiciens. Il est vrai que l'on a écrit son avis de décès politique si souvent qu'il doit bien avoir 200 ans...

Encore une fois, les analystes et les sondeurs se posent la même question: l'ADQ survivra-t-elle à ce nouveau test électoral?

 

La récolte-surprise de 41 sièges, il y a 20 mois, n'était-elle qu'un accident de parcours, favorisé par le rejet momentané des deux «vieux» partis?

Chose certaine, Mario Dumont, qui cognait aux portes du pouvoir, il y a un peu moins de deux ans, semble maintenant destiné à retourner sur les banquettes arrière de l'Assemblée nationale.

En 20 mois, il n'a pas réussi à convaincre les Québécois de lui ouvrir cette porte. Au contraire, l'inexpérience de son équipe et l'incapacité du chef à positionner son parti comme une véritable solution de rechange, a ramené l'ADQ dans sa zone familière, entre 15% et 20% des intentions de vote.

La question pour Mario Dumont est de savoir combien de sièges il pourra garder. Le pire scénario pour l'ADQ serait de se retrouver, le 9 décembre au matin, avec une dizaine de députés. Pas morte, mais pas forte, l'ADQ serait condamnée à vivoter dans une Assemblée nationale hostile.

Mais, attention, n'enterrez pas Mario Dumont trop vite.

Visiblement ébranlé par une vague de mauvais sondages et encore plus par le départ soudain de deux députés passés chez les libéraux, Mario Dumont est finalement retombé sur ses pattes. Juste à temps pour la campagne.

Visant la base électorale qui l'a propulsé en 2007 au poste de chef de l'opposition, la classe moyenne, il promet des allègements fiscaux aux propriétaires de maison.

La bonne vieille recette de Mario Dumont: une promesse spectaculaire (un milliard d'allégement sur les intérêts d'hypothèques), des justifications boiteuses (les Américains perdent leur maison) et des explications sur le comment à venir plus tard.

La forme avant le fond. C'est ce qui explique que Mario Dumont sait se rendre populaire. Il lui reste à apprendre à devenir crédible s'il veut vraiment accéder au pouvoir.

Ça y est, c'est reparti pour un tour, que vous le vouliez ou non. Le 8 décembre, les Québécois éliront un nouveau gouvernement. D'ici là, les chefs de parti sillonneront de nouveau la province. Notre chroniqueur Vincent Marissal jette un regard sur cette campagne qui aura des effets majeurs sur la scène politique québécoise. À commencer pour les chefs eux-mêmes, qui jouent leur avenir et peut-être aussi celui de leur parti.

 

MARIO DUMONT

Parti: Action démocratique du Québec (ADQ)

Fonction: Chef de l'ADQ et chef de l'opposition officielle

Âge: 38 ans, né à Cacouna

État civil: Marié, trois enfants

Études et profession: Économie (Université Concordia), agriculteur

Expérience politique: Président de la Commission-Jeunesse du PLQ (1991-1992) Chef de l'ADQ et député de Rivière-du-Loup depuis 1994. Chef de l'opposition officielle depuis le 4 avril 2007

Circonscription: Rivière-du-Loup. Élu depuis le 12 septembre 1994

% du vote dans sa circonscription en 2007: 58,47%. Majorité de 7886voix.

+ Un sens incomparable de la formule-choc et de la clip assassine. Une capacité à sentir les préoccupations de la population.

- Positions changeantes qui font qu'il a du mal à se débarrasser de son étiquette de girouette. Peu d'éléments forts au sein de son parti.

Bourdes passées: Son intention de renverser le gouvernement Charest à l'automne 2007 sur la question des commissions scolaires. Son refus de rencontrer le gouvernement pour l'adoption du budget de 2007. L'association délicate entre l'immigration et le recul du français.

Bon coup: Son coup de maître demeure la rapidité avec laquelle il s'est dressé contre les «accommodements déraisonnables» en 2006.

Électorat gagné d'avance: Les circonscriptions où on trouve un fond créditiste, les travailleurs non syndiqués

Électorat qu'il pourrait aller chercher: Les électeurs fatigués des «vieux « partis, les familles à revenus moyens

Électorat qui ne votera jamais pour lui: Les électeurs de centre-gauche très scolarisés

Défis à surmonter ou écueils à éviter: Contrôler ses candidats inexpérimentés. Sortir de la «clip» et prouver qu'il peut livrer un programme cohérent et solide.

Scénario idéal pendant la campagne: Voir les deux autres partis s'attaquer, proposer des solutions simples pour redevenir cette troisième voie qui avait séduit l'électorat en 2007.

Pire scénario pendant la campagne: Les candidats adéquistes muliplient les déclarations controversées. Mario Dumont s'empêtre dans des prises de position contradictoires.

Fiche préparée par Karim Benessaieh