Si elle est perçue comme «snob» et souffre d'un problème d'image, Pauline Marois laisse entendre que c'est parce qu'elle est victime d'un sexisme latent au sein de la société québécoise.

«Je rêve toujours que c'est fini, que ce n'est plus vrai, ça. Mais de temps en temps, ça revient», a-t-elle affirmé au cours d'une rencontre avec l'équipe éditoriale de La Presse, hier.La chef péquiste déplore un double standard à l'endroit des femmes, dans l'univers politique en particulier. «Il y a un regard différent qu'on porte sur les femmes (...). Que ce soit dans le ton de voix qu'on a, dans l'habillement qu'on a», a-t-elle souligné.

Par exemple, «on pardonne plus facilement à un gars d'être fatigué. Nous, quand on a l'air fatiguée, souvent on se dit : est-elle capable de faire la job ?»

Au cours de l'entrevue éditoriale, Pauline Marois a dû répondre aux questions portant sur un rapport interne de son parti qui décrit son problème d'image et dont La Presse a révélé le contenu hier. La chef péquiste est perçue comme «snob» et «loin des problèmes des gens ». Elle n'a ni «sens du clip» ni «répartie», peut-on lire dans ce document. Mme Marois reconnaît avoir un problème d'image «depuis des années».

En conférence de presse, elle s'est dite victime de collaborateurs «malveillants» au sein de son équipe. Mais à ses yeux, cette fuite n'est pas un acte de trahison ou un geste qui mériterait une enquête interne. «C'est ennuyeux, c'est plate, on n'aime pas ça. Mais quand même que je ferais une crise, que je renvoyais tous ceux qui ont été en possession du document, ça arrangerait quoi ? Je perdrais une équipe formidable pour essayer d'en trouver un qui n'a pas d'allure», a-t-elle affirmé.

Pauline Marois nie que cette fuite témoigne d'une certaine indiscipline au sein du PQ. «Dans tous les partis, il y a des gens qui n'ont pas le même intérêt que nous, a-t-elle affirmé. Je crois que c'est relativement secondaire un document qui coule. Pour moi, ce qui est important dans la discipline d'un parti, c'est qu'on adopte des orientations et qu'on soit solidaire derrière ces orientations.»

Selon Pauline Marois, le type de document révélé par La Presse, qui décrit les forces et les faiblesses d'un chef, est toujours préparé en prévision d'une campagne électorale. Un parti qui ne le fait est «irresponsable». «Ces documents circulent entre plusieurs mains, et parfois, il y a des gens qui peuvent être malveillants. Mais on accepte cette réalité. On l'assume», a-t-elle ajouté.

Être décrit comme «snob» et «loin des problèmes des gens», c'est «un peu difficile pour l'ego». Mais cette perception est erronée, croit la chef péquiste. Elle tentera de faire connaître «la vraie Pauline Marois» au cours de la campagne électorale : la «femme simple, concrète, pragmatique, qui aime la vie et le monde».

«Je rencontre des dizaines de personnes chaque jour. Les gens me disent : «Mon dieu, vous êtes simple, Mme Marois. «Bien oui, je suis comme ça, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse. Il faut corriger (les perceptions) parce que je ne suis pas comme ça», a-t-elle dit à La Presse.