Un gouvernement péquiste donnerait un chèque de 200$ aux Québécois à faible revenu et verserait jusqu'à 1000$ aux ménages de la classe moyenne qui paient une hypothèque. Il achèterait en plus 10 milliards d'actions d'entreprises québécoises sur une période de sept ans par le truchement de la Caisse de dépôt et de placement.

Ce sont des mesures «réalistes» et «bien ciblées» qui permettraient au Québec «d'effectuer, sans trop de dommage, une transition vers la reprise économique», a affirmé hier la chef péquiste Pauline Marois, au cours d'une conférence de presse à la Cité de l'énergie de Shawinigan.

Son plan coûterait plus de 600 millions de dollars pour chacune des deux premières années d'un mandat péquiste. Et c'est sans compter les millions, voire les milliards, qu'un gouvernement Marois devrait emprunter pour la création du nouveau fonds d'investissement de la Caisse de dépôt.

Pour financer son plan, Pauline Marois cesserait les paiements au Fonds des générations pour une période d'un an. Ce moratoire permettrait de récupérer 400 millions de dollars. Le Fonds des générations, lancé par les libéraux, sert à rembourser la dette.

La chef péquiste épuiserait également une «provision pour éventualités» de 200 millions créée par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, dans son dernier budget.

Pour le reste, Pauline Marois est restée évasive. Elle entend cogner à la porte d'Ottawa, qui n'a toujours pas versé la somme de 435 millions à Québec en guise d'indemnisation à la suite de la crise du verglas de 1998. «On va aller chercher notre fric à Ottawa!» a lancé Mme Marois, qui était au gouvernement jusqu'en avril 2003.

En décembre 2004, le gouvernement Charest avait retiré à la Caisse de dépôt l'un de ses deux mandats, celui d'assurer le développement de l'économie québécoise. Depuis, la Caisse n'a pour but que de chercher un rendement optimal pour ses déposants.

S'il est porté au pouvoir, le PQ déposerait une loi pour redonner à la Caisse sa double mission. Il lui demanderait ensuite de mettre en place un «fonds d'investissement stratégique» représentant 5% de son actif, c'est-à-dire 10 milliards de dollars, sur une période de sept ans. Le fonds servirait à acheter des actions de grandes entreprises québécoises afin d'accroître leur capitalisation. La participation dans une même entreprise serait limitée à 25%. Le PQ estime qu'acheter des actions d'entreprises québécoises du calibre de CGI ou de SNC-Lavalin serait une bonne affaire pour l'État en ce moment puisque plusieurs titres sont sous-évalués.

Pour constituer le fonds, la Caisse vendrait des titres étrangers pour acheter des actions québécoises. Mais un gouvernement péquiste ferait aussi des emprunts pour participer à l'aventure, encore plus si les déposants de la Caisse refusent de participer à la stratégie. Il capitaliserait des passifs comptables, comme les sommes dues dans les régimes de retraite des fonctionnaires. Mme Marois n'a pas estimé les emprunts qui seraient nécessaires. Mais tentant de minimiser cet effort financier, elle a indiqué que les déposants montreraient sûrement de l'intérêt pour le nouveau fonds parce qu'«eux aussi sont malheureux quand on voit les sièges sociaux s'en aller, quand on voit nos entreprises incapables de faire des offres sur certains contrats parce que leur capitalisation n'est pas suffisamment solide».

Dans son plan, Pauline Marois propose également de verser, pendant deux ans, un chèque de 200$ aux 2,1 millions de bénéficiaires du crédit d'impôt pour la TVQ, des gens à faible revenu. Pour les ménages de la classe moyenne, dont les revenus ne dépassent pas 150 000$, un gouvernement péquiste créerait un crédit d'impôt non remboursable équivalent à 20% du premier 5000$ d'intérêt payé sur une hypothèque, donc 1000$ au maximum. Le bénéficiaire rembourserait à l'État l'aide reçue au moment de la vente de la maison.

Si elle devient première ministre, Pauline Marois promet de maintenir l'équilibre budgétaire. Le déficit accumulé de 5,8 milliards, dont le gouvernement Charest est le principal responsable selon elle, serait transféré à la dette, puisque le résorber exigerait à ses yeux trop de sacrifices.

Le premier ministre Jean Charest se dit «inquiet» des engagements de Mme Marois. «Il y a encore des rapports du vérificateur général qui traînent sur des épisodes où le PQ avait les deux mains dans la caisse de dépôt: l'histoire de Montréal Mode. Ça n'annonce rien de bon. Ce n'est pas pour rien qu'on a changé le mandat de la Caisse.»