Le Parti québécois se lance en campagne électorale les coffres désespérément vides. Le parti de Pauline Marois «n'a aucune liquidité pour partir en campagne électorale» et sera sur la marge de crédit jusqu'au jour du vote, le 8 décembre, a appris La Presse de sources sûres.

Ce constat a mobilisé les stratèges péquistes, lors de leurs réunions de préparation de la campagne tenues à Montréal à la mi-octobre, a-t-on appris. Le PQ attendait encore alors la confirmation de Desjardins quant au prêt qui pourrait être accordé pour le financement de l'organisation de la campagne péquiste.

À la mi-octobre, au plus 30 circonscriptions avaient suffisamment de fonds dans leur bas de laine pour partir en campagne, et le «national» s'attendait déjà à devoir injecter des fonds dans certaines circonscriptions pour s'assurer d'une campagne tout au moins «décente».

Une des conséquences de ce constat: la tournée de Pauline Marois se concentrera d'abord sur la couronne de Montréal, dans Lanaudière, en Montérégie, en Mauricie et à Laval. Les grandes virées nécessitant l'avion seront rares - les régions seront visitées avant le débat, avec peut-être un retour en Abitibi, où l'organisation péquiste est vacillante dans deux circonscriptions sur trois.

Aussi, compte tenu des ressources limitées, le PQ compte réduire le plus possible la facture de publicité, en retardant par exemple la mise en ondes de ses messages nationaux à la télévision, la plus grosse facture en publicité.

Depuis des semaines, la disette a d'ailleurs des conséquences. Jusqu'à l'émission des brefs, l'équipe des communications de la campagne péquiste travaillait depuis le local électoral du Bloc québécois à Montréal. Autre économie, le PQ a récupéré les autocars de la tournée Duceppe pour Mme Marois et les journalistes avant qu'ils ne soient reconvertis en bus réguliers.

Une dette de 800 000$... et des factures

Dans certaines circonscriptions, le manque d'argent est criant. Dans Mercier, on prépare d'urgence une danse sociale pour ramasser des sous. À Québec, le comité exécutif de Jean-Talon par exemple crie famine - il vient de subir une élection complémentaire. Dans les circonscriptions de Matane et d'Abitibi-Est, les jeunes élus du PQ en mars 2007 ont été davantage occupés à apprendre leur travail de député qu'à dénicher du financement.

Le PQ est sorti avec une dette de 1,6 million de la campagne électorale de 2007. Or il reste 800 000$ à payer - la campagne de financement confiée à la députée Rita Dionne Marsolais au printemps a atteint 80% de l'objectif de 1,2 million, qui couvrent grosso modo les dettes sans laisser pour autant d'argent dans les coffres de guerre.

Par comparaison, le PLQ semble sur une autre planète. Le parti de Jean Charest a des actifs de 4,9 millions et il est le seul à posséder l'édifice où loge sa permanence, près du marché Jean-Talon.

L'ADQ était endettée jusqu'aux yeux après la débandade électorale de 2003, ses résultats de 2007 l'ont fait sortir du rouge - avec un petit surplus dans le rapport financier du Directeur général des élections, pour l'année 2007.

La direction du Parti québécois, en octobre, s'attendait à pouvoir emprunter la moitié du maximum de dépenses permis par la loi électorale. Les partis peuvent théoriquement dépenser environ 5 millions, soit 1$ par électeur, mais ne se rendent jamais à ce plafond. En 2007, par exemple, les libéraux, même si leurs coffres étaient remplis, ont dépensé 3,5 millions. Pour le PQ d'André Boisclair, la facture avait été identique: 3,4 millions. Du côté de l'ADQ, alors très endettée, on avait été frugal: 1,4 million.

La direction du PQ avait songé demander aux circonscriptions le remboursement fait par le DGE après la campagne, ce qui aurait forcé les candidats à trouver, en campagne de financement ou autrement, la totalité du coût de leur élection. Une rapide levée de boucliers de quelques députés stoppa net ce projet.