Les élections se déroulent dans un climat tendu à Brossard. Paul Leduc, qui a dirigé la municipalité de 1990 à 2001, a mis fin à sa retraite afin de déloger le maire sortant Jean-Marc Pelletier, dont le mandat a été parsemé de controverses. L'animosité entre les deux candidats est palpable, comme en témoignent les nombreuses attaques dans leurs publicités électorales.

Élu en 2005, Jean-Marc Pelletier a vécu un passage houleux à la mairie. Quelques mois après son élection, six de ses huit conseillers l'ont abandonné pour siéger à titre d'indépendants.

 

Au cours de son mandat de maire minoritaire, M. Pelletier s'est querellé avec la députée de La Pinière, Fatima Houda-Pepin. Ses relations avec les conseillers indépendants étaient aussi houleuses. Il y a deux semaines, M. Pelletier a même déposé une poursuite contre le conseiller Serge Séguin, qu'il accuse d'avoir «gravement porté atteinte à sa réputation» durant les trois dernières années.

M. Pelletier a aussi fait parler de lui après avoir expulsé un journaliste et un caméraman d'une séance du conseil, en 2008, car il ne voulait pas que la période de questions soit filmée; ce geste a valu au maire des critiques sévères de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

La Presse a rencontré M. Pelletier, la semaine dernière, au local de son parti, Démocratie Brossard. Arrivé avec 20 minutes de retard, la chemise légèrement tachée de moutarde, le maire a discuté de ses dernières années en politique.

Selon cet ancien ingénieur d'Hydro-Québec, c'est l'ex-maire de Brossard, Paul Leduc, qui lui a proposé de lui succéder, en 2005. «Je suis arrivé à la mairie avec l'équipe de M. Leduc. Les conseillers qui m'ont fait faux bond, c'étaient les siens», a soutenu M. Pelletier. Cinq des conseillers en question se sont joints au parti de M. Leduc, Priorité Brossard.

Dès son arrivée au pouvoir, M. Pelletier a dû gérer une ville en reconstruction. Après les fusions forcées de 2002, Brossard entreprenait alors son processus de défusion. Au conseil d'agglomération, les relations étaient tendues entre Longueuil et les villes défusionnées. «Je me battais pour obtenir un budget plus équilibré pour Brossard», a dit M. Pelletier.

Selon lui, les dirigeants de Longueuil n'ont pas apprécié qu'il leur tienne tête. «Je les soupçonne d'avoir tiré des ficelles en coulisse pour organiser mon «putsch». On a voulu me tasser», a-t-il ajouté.

Selon M. Pelletier, Brossard a périclité au cours des dernières années et c'est à cause des conseillers indépendants qui géraient la ville. C'est pour «reprendre le contrôle» et «agir pour les citoyens» qu'il tente aujourd'hui d'imposer son équipe à la mairie.

Un maire autocratique

Maire de Brossard pendant trois mandats à la fin des années 90, Paul Leduc analyse différemment le règne de son rival. «J'ai quitté la politique en 2001, quand ma femme était gravement malade. En 2005, j'ai rencontré M. Pelletier pour voir s'il pouvait diriger Démocratie Brossard. Il m'a fait une première bonne impression. Mais j'ai déchanté rapidement en apprenant à le connaître...» a raconté M. Leduc.

Selon lui, les conseillers qui ont abandonné M. Pelletier «ont essayé en vain de travailler avec lui». «Il est autocratique, a soutenu M. Leduc. Il n'a pas été capable de gérer 10 personnes...»

Banquier à la retraite et retiré de la vie politique, M. Leduc a décidé de revenir à la mairie, car il est «peiné que Brossard en soit arrivée là». «Nous sommes devenus la risée des autres villes. Avant, on était une ville modèle. Maintenant, on nous dit qu'il y a juste de la chicane ici», a-t-il déploré.

M. Leduc souhaite notamment ramener la stabilité politique à Brossard et construire un complexe aquatique. «Et contrairement à mon adversaire, je veux aller à l'agglomération et nous négocier de meilleurs avantages», a-t-il dit.

De son côté, M. Pelletier veut entre autres amener le métro à Brossard et faire plus de place aux communautés culturelles.

En attendant, la campagne électorale se déroule dans une atmosphère de confrontation. Il y a quelques semaines, M. Pelletier a diffusé une publicité où il a accusé M. Leduc d'avoir «abandonné Brossard». Quelques jours plus tard, M. Leduc a répliqué en accusant M. Pelletier de s'attribuer faussement des réalisations, dont celle d'avoir amené le centre d'entraînement du Canadien à Brossard.

Un site internet dénigrant la candidature de Paul Leduc a aussi été activé. «J'ai réussi à faire fermer ce site une première fois, mais il est maintenant hébergé en Malaisie. On ne peut rien faire», a déploré M. Leduc.

Le local électoral de Priorité Brossard a aussi été saccagé à la fin du mois de septembre, quelques jours après que des pancartes d'une candidate eurent été vandalisées. La police de Longueuil fait enquête. Pour l'instant, aucun lien avec la campagne électorale n'a été établi.