La candidate à la mairie de Montréal Mélanie Joly estime qu'elle est sortie «grandie» de l'affaire Bibiane Bovet. Le choix initial de la défendre, ajoute-t-elle, démontre qu'elle incarne un réel changement de culture en politique. Elle admet toutefois que les vérifications de la candidature de Mme Bovet ont été effectuées très rapidement et à la fin de la période de mises en candidatures.

«Je savais que j'étais devant une candidature très atypique, mais cela dit, j'étais prête à prendre le risque», a-t-elle déclaré lundi matin en entrevue à La Presse. «De ce fait, on participait à casser la discrimination par rapport à une minorité qui est parmi les plus discriminées dans la société.»

Vendredi, La Presse a révélé que Mélanie Joly avait recruté dans son équipe une candidate transsexuelle qui avait déjà été escorte. Au départ, Mélanie Joly a défendu sa candidate.

Elle lui a toutefois montré la porte dimanche après avoir été informée que l'Autorité des marchés financiers enquêtait sur elle. Dans l'un de ses projets, Mme Bovet sollicitait des investissements de 125 000$ pour la création d'une nouvelle devise. Des frais de 10% seraient appliqués à toutes les transactions réalisées avec cette monnaie. C'est à la lumière de ces nouvelles informations que Mélanie Joly a décidé de l'expulser de son parti.

Photo Olivier Jean, La Presse

Bibiane Bovet

«Je trouve qu'on en ressort grandis, et je pense que la population a bien compris la différence entre la discrimination et les positions économiques. Sincèrement, je trouve qu'on a vraiment agi de façon responsable et on s'entend, vendredi, quand j'ai fait mon point de presse pour défendre une candidate transsexuelle et ex-escorte, la majorité des vieux politiciens lui auraient montré la porte.»

Mélanie Joly présente 57 candidats aux élections. Bibiane Bovet était parmi les toutes dernières à contacter l'équipe de Mme Joly, qui compte trois employés rémunérés.

«Les choses ont défilé le jour de la dernière journée du dépôt des mises en candidatures, et c'était une erreur de bonne foi.»

Bibiane Bovet n'est plus candidate aux élections du 3 novembre.

Position diluée sur la Charte

Lors d'un débat des chefs diffusé à Radio-Canada il y a deux semaines, Mélanie Joly avait déclaré qu'elle contesterait la Charte des valeurs devant les tribunaux si elle était adoptée par le gouvernement provincial. Hier, elle a nuancé sa position en indiquant qu'elle souhaitait d'abord avoir le point de vue des communautés culturelles.

Elle se dit personnellement contre la Charte. «Le fait est que ç'a lancé un débat qui n'a pas bénéficié à Montréal. Ceci dit, il faut que je voie le projet de loi, et s'il est le même que celui qui a été avancé dans les médias, je soumettrai au conseil de ville une motion pour s'exclure.»

Deux candidats de religion sikhe, qui portent le turban, se présentent dans l'équipe de Mélanie Joly. La Charte pourrait les contraindre à siéger sans leur signe religieux ostentatoire s'ils étaient élus. "Ça n'a pas de bon sens», a-t-elle affirmé. «Je suis d'accord avec la liberté de religion, je suis d'accord qu'une femme puisse porter son voile», a-t-elle ajouté.