Femme d'affaires, escorte, psychanalyste culturelle, massothérapeute: difficile de définir brièvement le parcours de Bibiane Bovet. Portrait d'une femme complexe.

Multiples identités

Sur l'internet, les nombreuses identités de Bibiane Bovet se chevauchent et s'entremêlent.

Certaines sont officielles, d'autres non. En 2011, le directeur de l'état civil a autorisé Jena Roberts à prendre le nom de Bibiane Bovet. Selon la Gazette officielle du Québec, elle avait d'abord tenté - en vain - de se faire appeler Justine Geneviève Bibiane Bovet Lenoir. Trop long au goût de l'État, explique-t-elle.

Ces multiples noms reviennent toutefois dans la présence virtuelle de Mme Bovet.

Elle a utilisé à plusieurs reprises le nom de Justine Lenoir, notamment sur un profil professionnel en ligne où elle se décrit comme une ingénieure financière, et lors d'une entrevue sur le cinéma disponible sur YouTube dans laquelle elle répond aux questions d'un acteur américain.

«On parle d'époques différentes. Quand j'étais en Californie, c'était Justine Lenoir. Quand j'étais à Miami, c'était Jena Roberts», a-t-elle expliqué en entrevue.

Dans une lettre sollicitant des investissements de 150 000 euros pour le démarrage d'une «société de crédit mutuel» appelée DGT Mutual, elle signe plutôt Claudine Bovet.

Sur un moteur de recherche, le nom de Jena Roberts renvoie à des photos et un film pornographiques la mettant en scène. Sur ses comptes Facebook et Twitter, elle se décrit comme une psychanalyste culturelle.

Projet économique ambitieux

Vivement intéressée par l'économie, Bibiane Bovet fait activement la promotion - notamment sur son compte Twitter officiel - d'un système financier qu'elle a élaboré. Elle prône entre autres la suppression de l'impôt provincial sur le revenu et la création d'une devise alternative appelée DiGiTs. Elle demande des investissements pour arriver à ce dernier objectif.

Mme Bovet aurait de nombreux "partenaires" partout sur la planète, mais aucun investisseur n'a accepté de verser de l'argent jusqu'à maintenant, a-t-elle reconnu. Elle s'en désole: «Personne ne comprend.»

Le 13 octobre, elle a envoyé de nombreux messages publics par l'entremise de Twitter au président américain Barack Obama pour lui exposer ses solutions afin de «sauver de façon permanente l'économie américaine» et lui offrir son expertise.

Mme Bovet a affirmé en entrevue avoir envoyé des lettres à Pauline Marois et Stephen Harper pour présenter ses solutions économiques. Elle a également soumis le projet A Provincial Tax Elimination Solution à un concours de projets communautaires et sollicite une somme de 150 000$ pour la réalisation de son projet.

Dans le milieu du sexe

Des photos d'elle en lingerie noire et dans un bain moussant sont accessibles au bout de quelques clics sur plusieurs sites pour adultes.

Elle reconnaît avoir joué il y a quelques années dans un film pornographique, en partie disponible sur l'internet, sous le nom de Jena Roberts. «C'est une erreur de parcours, a-t-elle admis. J'en ai tourné un et j'ai compris. J'avais vraiment besoin d'argent et on me promettait une bonne somme.»

Bibiane Bovet a reconnu avoir offert des services sexuels jusqu'à l'été 2012, mais insiste pour dire que ces activités visaient à payer les nombreux traitements et opérations liés à son changement de sexe. «La transition coûte entre 80 000 et 250 000$, explique-t-elle. Ce n'est pas en travaillant chez McDonald's qu'on va y arriver, et on ne veut pas "transitionner" pendant 10 ans.»

Aujourd'hui, bien qu'elle apparaisse toujours sur des sites à caractère érotique, la candidate du parti Le Vrai changement pour Montréal dit offrir des massages strictement thérapeutiques. «Je maîtrise 25 styles de massage. Je peux régler n'importe quel problème d'épaule, de dos, de hanche.»