L'argent, le nerf de la guerre électorale, est plus difficile à récolter que jamais pour les partis municipaux, tous l'admettent sans détour. Aux scandales se sont ajoutées de nouvelles règles de financement plus restrictives.

À Montréal, les pancartes se font plus rares, les candidats promettent une campagne frugale, et les stratégies de financement sont à réinventer.

Denis Coderre accepte dorénavant les dons de 300$ après avoir promis une limite de 100$. Marcel Côté mise sur les dons sur l'internet, tandis que Richard Bergeron se contentera de la moitié des dépenses auxquelles il a droit. Michel Brûlé n'hésite pas à se déplacer en personne quand un donateur veut lui remettre un chèque, et Mélanie Joly mise sur la sollicitation sur le terrain. État des lieux.



Denis Coderre: «Dans les prochains jours»

Impossible, pour l'instant, de savoir si la campagne de financement de l'Équipe Denis Coderre est fructueuse. Même s'il s'était engagé, à la mi-août, à rendre public le nom de tous ses donateurs sur son site web, l'information n'est pas encore disponible. Questionné hier sur la somme amassée jusqu'à présent, le candidat à la mairie s'est esquivé en affirmant qu'il dévoilerait cette information «dans les prochains jours». Il s'est borné à dire qu'une activité de financement menée en juillet avait permis de récolter 22 000$. Denis Coderre avait aussi promis de ne pas accepter de dons supérieurs à 100$ par personne. Il est revenu sur cette décision et permet maintenant les dons de 300$, le maximum autorisé par la loi. C'est à la demande de son équipe qu'il aurait pris cette décision. Le but est de permettre aux citoyens de participer à la fois à une activité de financement pour les élections à la mairie et à une collecte de fonds pour les candidats locaux.

- Daphné Cameron





PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le candidat à la mairie de Montréal Denis Coderre.

Marcel Côté: Des changements «dramatiques»

Marcel Côté le reconnaît d'emblée, ramener le maximum de dons de 1000 à 300$, «c'est toute une nouvelle réalité". Quant au plafond maximal de dépenses pour la course à la mairie, qui est de 430 000$, "ça change dramatiquement la nature des campagnes électorales et la nature des cueillettes de fonds». La Coalition Montréal mise essentiellement sur les dons en ligne et sur «quelques petites activités de financement ici et là, dans les arrondissements.» «On doit être au-dessus des 100 000$, environ. Les fonds rentrent de manière régulière. Notre objectif est d'atteindre les 300 000$, nous sommes donc en bonne voie.» On prévoit dépenser de "60 à 80 000$ pour les pancartes». Sa liste de donateurs sera rendue publique «dès que le site sera prêt», dans les prochains jours, a-t-il indiqué.

- Karim Benessaieh et Sylvain Sarrazin





PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Marcel Côté défend les couleurs de Coalition Montréal.

Richard Bergeron:  « La surprise, c'est le porte-à-porte »

En trois semaines, la cagnotte électorale de Projet Montréal est passée de 200 000 à 277 000$. La majorité des dons ont été faits par internet ou proviennent des candidats eux-mêmes (la limite pour les candidats est de 1000$). La surprise, affirme Richard Bergeron, c'est le porte-à-porte. «C'est vraiment étonnant! On nous rapporte continuellement ces jours-ci que les gens en profitent pour faire des dons quand le candidat passe les voir.» Le chef de projet Montréal insiste d'ailleurs sur l'aspect populaire de son financement. «Il n'y a aucun don qui nous vient des réseaux obscurs abondamment décrits par la commission Charbonneau», dit-il. 

- Daphné Cameron

Photo archives La Presse

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal.

Mélanie Joly: «Un climat qui décourage les dons»

«Quelques petits événements», des dons sur internet et surtout, de la sollicitation sur le terrain. C'est essentiellement ainsi que Mélanie Joly récolte des dons pour sa campagne qui se veut réduite. «On maximise avec les opportunités, les ressources dont on dispose, dit son porte-parole Frédéric Lepage. On utilise les médias sociaux, le web.» Le climat actuel, les scandales qui éclaboussent la classe politique, «le cynisme, ce n'est rien pour encourager les citoyens à faire des dons en politique», estime-t-il. Cependant, la présence de Mélanie Joly sur le terrain, ce que M. Lepage qualifie avec un sourire de «politique traditionnelle», "ça fonctionne toujours.» On a aussi choisi de placer quelques pancartes électorales à des endroits stratégiques. Leur graphisme, avec Mme Joly sur un fond noir, détonne avec les couleurs utilisées habituellement en politique. Selon son organisation, elle a récolté 100 300$ depuis juin. On prévoit un budget de 150 000$ pour la campagne.

- Daphné Cameron





Photo Graham Hughes, La Presse Canadienne

Mélanie Joly est candidate à la mairie de Montréal.

Michel Brûlé: «Nous ne sommes pas à armes égales»

Dès qu'il s'est lancé dans la course à la mairie, l'éditeur Michel Brûlé a fait ce constat désespéré en entrevue à La Presse, il y a un mois: «Comment on est supposé trouver des gens prêts à donner 300$ à un politicien en 2013? Ça n'existe pas!» Hier, il se montrait nettement plus optimiste, après avoir réussi à récolter environ 10 000$. «Quand quelqu'un veut me donner de l'argent, je me présente en personne», indique-t-il. Il reconnaît cependant ne pas avoir accordé toute la priorité à sa collecte de fonds, puisqu'il se consacrera essentiellement au recrutement de ses candidats d'ici le 4 octobre prochain. «Après, on se met à la planche sur le financement. Mais je ne m'attends pas à être à armes égales avec mes adversaires. Ils prétendent avoir des dizaines de bénévoles, je suis renversé. J'aimerais bien savoir qui les paie.»

- Karim Benessaieh

Photo archives La Presse

Michel Brûlé

Marcel Côté: du logement abordable pour retenir les familles

La figure de proue de Coalition Montréal, Marcel Côté, a présenté hier les orientations de son parti en matière familiale.

Reposant sur une approche globale pour répondre aux besoins des familles, elles misent avant tout sur l'abordabilité du logement. «Nous voulons favoriser l'accès à la propriété pour 4000 familles, construire 2000 nouveaux logements de trois chambres à coucher et plus et en rénover 2200 autres. C'est un projet réaliste», a soutenu M. Côté.

Surtout, il désire rendre obligatoire la stratégie d'inclusion, qui contraint tout promoteur érigeant des projets de 100 résidences et plus à réserver 15% du lot au logement abordable et 15% au logement social. Cette règle, actuellement en vigueur, est facultative.

Le parti dit aussi vouloir s'inspirer des politiques déjà menées dans le Sud-Ouest, où près de 1400 logements sociaux et communautaires ont été bâtis ou planifiés et une banque de terrains constituée. «C'est un laboratoire. Nous voudrions l'étendre au reste de l'île», a fait valoir Marcel Côté.

- Sylvain Sarrazin

 

Richard Bergeron: des mesures pour faire disparaître les terrains vagues

S'il est élu maire de Montréal, Richard Bergeron tentera de faire disparaître tous les terrains vacants et stationnements extérieurs du centre-ville. Ce dernier propose de concevoir des mesures incitatives financières et d'accorder des déductions fiscales aux promoteurs qui envisagent de développer des projets immobiliers ou commerciaux. Le chef de Projet Montréal a présenté hier ses engagements pour l'arrondissement de Ville-Marie. Il promet par ailleurs de recouvrir l'autoroute Ville-Marie pour favoriser l'accès au futur CHUM.

- Daphné Cameron

Denis Coderre: des ambassadeurs culturels pour Montréal

Denis Coderre propose la création d'un poste de commissaire au développement économique en culture ainsi que la mise sur pied d'un programme d'ambassadeurs culturels qui aidera les créateurs de la métropole à percer les marchés étrangers. Il s'agit des deux propositions les plus concrètes de sa plateforme électorale en culture, rendue publique hier. Son engagement numéro 1: «Agir comme catalyseur et exercer un leadership constant afin de rassembler les forces vives du milieu culturel dans le but de maximiser la synergie entre nos artistes, nos institutions et nos décideurs publics et économiques.»

- Daphné Cameron