Alors que les négociations dans l'hôtellerie ont toujours cours, mais n'avancent guère, les syndiqués de la CSN ont commencé à se doter de mandats de grève de 24 heures.

Jeudi après-midi, c'était au tour des syndiqués de l'Hôtel Reine-Élizabeth, au centre-ville de Montréal, de se réunir en assemblée générale pour décider de se doter ou non d'un tel mandat. La proposition évoque, en fait, le recours à des moyens de pression pouvant aller jusqu'à deux journées de grève de 24 heures, au moment jugé opportun.

Auparavant, les syndiqués de l'Hôtel Maritime, aussi à Montréal, s'étaient dotés d'un tel mandat, a rapporté Michel Valiquette, porte-parole du secteur de l'hôtellerie à la Fédération du commerce de la CSN. Une assemblée est aussi prévue au Château Cartier, en Outaouais, vendredi, et les autres hôtels suivront la semaine prochaine.

«On a été plutôt calme au niveau des moyens de pression» afin de donner une chance à la négociation, a fait valoir M. Valiquette. Mais, «au cours des prochains jours, il y aura une intensification au niveau des moyens de pression», prévient-il.

Les négociations ont toujours cours avec les employeurs qui, selon lui, demandent des reculs quant aux garanties d'un nombre d'heures de travail et au statut d'emploi des travailleurs.

«Les négociations ont cours à l'ensemble des tables. Malheureusement, il y a beaucoup de tables qui sont rendues en conciliation, six ou sept dossiers qui sont rendus en conciliation. Donc, c'est compliqué, c'est très lent au niveau des négociations», rapporte M. Valiquette.

Les syndicats, en négociation regroupée, ont formulé des demandes sur six points, dont trois qui ont trait à la sécurité d'emploi, à savoir le travail fait par des cadres, l'affichage des postes vacants et l'entretien limité des chambres en contreparatie d'un tarif réduit.

Les trois autres demandes syndicales ont trait à la rémunération, à l'augmentation de la contribution de l'employeur au régime de retraite et à la durée de la convention. Les syndicats revendiquent des augmentations de salaire de cinq pour cent par année pour chacune des trois années de la convention.

De son côté, par voie de communiqué, l'Association des hôteliers du Québec, qui regroupe 600 établissements, a dit espérer «des règlements rapides dans le meilleur intérêt de l'industrie», et ce, «sans recours à des moyens de pression susceptibles d'affecter l'image de l'industrie hôtelière et touristique».

Au nom de ses membres, les hôtels, l'association affirme que ceux-ci doivent pouvoir jouir «de la flexibilité nécessaire pour demeurer viables et concurrentiels».

La CSN regroupe 35 syndicats représentant 5500 travailleurs de l'hôtellerie dans la région de Montréal, Québec, de l'Estrie, de la Montérégie et de l'Outaouais.

M. Valiquette affirme que la fréquentation des hôtels n'est pas problématique, bien que certains aient exprimé des craintes au plus fort de la crise étudiante. «Au moins de juin, les chiffres ont été excellents», selon lui et juillet s'annonce bien. Il en serait de même pour les trois prochaines années, avance-t-il. «On n'est pas inquiet au niveau monétaire; les taux d'occupation sont bons, autant à Montréal qu'à Québec.»

L'Association des hôteliers donne une tout autre version des faits, affirmant au contraire que «la crise sociale a déjà eu un impact négatif sur l'achalandage, cette saison, de même que sur l'image du Québec comme destination». Elle croit que «tous les acteurs de l'hôtellerie doivent se sentir concernés par la situation».