Frantz Benjamin, conseiller municipal d'Union Montréal dans Saint-Michel, demande un «redressement rapide» du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en matière de profilage racial.

Pendant ce temps, la police de Montréal prévoit cesser d'utiliser le terme «gang de rue» dans son prochain rapport triennal.

«Il faut que le SPVM admette que le profilage existe, a déclaré M. Benjamin, élu en novembre dernier sous la bannière du parti du maire. Si on est encore dans la stratégie du déni, on ne peut s'attaquer au problème.»

Le conseiller, d'origine haïtienne, a été interpellé par les conclusions d'une étude interne du SPVM publiées lundi dans La Presse. Le rapport révèle une hausse vertigineuse des contrôles d'identité des personnes noires à Montréal entre 2001 et 2007.

Alors qu'Union Montréal a jusqu'à présent refusé de commenter le rapport, Frantz Benjamin a publié un communiqué, hier, pour réagir aux statistiques. Il s'y exprime  en son nom personnel, mais affirme que des collègues partagent son avis.

«Le rapport reflète ce que nous avons déjà lu dans d'autres recherches, a-t-il dit. Ça reflète aussi le sentiment qu'ont beaucoup de jeunes des communautés noire, philippine et latino-américaine.»

Frantz Benjamin reconnaît les efforts qu'a déployés le SPVM depuis quelques années sur le plan de la formation, mais il croit qu'il faut faire plus. Selon lui, les policiers devraient avoir des comptes à rendre.

«Il faut qu'il y ait une conscience de la part des policiers du SPVM que le profilage racial est un acte de discrimination et que, si on le pratique, il y a des mesures disciplinaires», a dit M. Benjamin, qui a présidé le Conseil interculturel de Montréal de 2003 à 2008.

«L'ensemble des commandants de poste doit être conscient qu'ils ont un leadership à exercer, notamment sur les pratiques d'intervention policière», a-t-il ajouté.

Le porte-parole du comité exécutif, Bernard Larin, a réitéré hier que le parti du maire ne commentera pas le rapport «parce qu'il s'agit d'un document de travail du SPVM qui n'a été présenté ni à la direction du service de police ni aux élus».

Le terme gang de rue éliminé

Par ailleurs, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) entend modifier son vocabulaire pour mieux lutter contre le profilage racial.

Le terme «gang de rue» ne sera plus employé dans le plan d'action triennal 2011-2013, a indiqué lundi Jean-François Pelletier, chef du service du développement stratégique du SPVM.

«Au lieu de parler de gang de rue, nous allons plutôt parler du type de crimes, comme la vente de stupéfiants, le crime organisé ou le crime structuré», a expliqué M. Pelletier.

«Pour certains, le terme "gangs de rue" peut être associé à une nationalité, a poursuivi Jean-François Pelletier. Notre personnel n'est pas à l'abri des stéréotypes, des préjugés que n'importe qui peut avoir. Les policiers sont des humains.» Le SPVM a pris cette décision après avoir reçu des commentaires de partenaires, a-t-il expliqué.