L'administration du maire Gérald Tremblay entend demander au gouvernement du Québec de créer une escouade relative «aux crimes de nature économique». La motion sera soumise à la prochaine réunion du conseil municipal, prévu le 21 septembre, a appris La Presse.

Selon les informations obtenues, l'équipe du maire Tremblay veut s'inspirer de l'affaire Earl Jones, faux conseiller financier soupçonné d'une fraude de 75 millions, pour demander la mise en place d'une unité spéciale chargée non seulement d'enquêter dans le milieu des cols blancs, mais aussi dans l'industrie de la construction et de la finance. Il y a une semaine à peine, l'opposition officielle à l'hôtel de ville annonçait qu'elle entendait déposer une motion semblable, mais pour créer une escouade spéciale anticorruption qui réunirait des policiers de la Sûreté du Québec, de la Gendarmerie royale du Canada et de Montréal. Elle serait créée par le ministère de la Sécurité publique, avait expliqué Benoit Labonté, chef de l'opposition, et aurait pour mandat d'enquêter sur des cas de collusion et de corruption dans les municipalités, particulièrement aux travaux publics.

 

Piqué au vif par la proposition du parti Vision Montréal, dirigé par Louise Harel, le maire Gérald Tremblay a presque aussitôt rejeté publiquement la proposition. Pressé de questions, il a expliqué que ce type d'escouade ne devrait pas se limiter à Montréal.

Joint en fin d'après-midi, hier, le porte-parole du comité exécutif, Bernard Larin, a confirmé que l'administration Tremblay-Dauphin avait l'intention de demander à Québec la création d'une escouade pour lutter contre les crimes de nature économique.

«Ça fait partie des moyens qu'on met de l'avant pour lutter contre les crimes de cette nature, a-t-il dit. On a une vision globale, ne touchant pas qu'à Montréal», a ajouté M. Larin, avant d'expliquer que le cabinet n'était pas en mesure d'en dévoiler davantage pour le moment. «C'est tout ce que je peux vous dire», a-t-il répété.

Marvin Rotrand, conseiller de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, membre de la commission qui a pondu un code d'éthique jugé «mou» par l'opposition, il y a un mois, a pour sa part indiqué que l'équipe du maire Tremblay ne voulait pas d'une escouade «strictement locale ou étroite», comme le propose le parti de Louise Harel.

«Il y a des structures déjà en place, a-t-il dit. On ne veut pas s'y substituer. Il faut quelque chose de plus large.»

À une semaine du déclenchement officiel de la campagne électorale municipale, la Sûreté du Québec a par ailleurs porté un grand coup, mercredi matin, en procédant à l'arrestation de deux fonctionnaires de la Division du service informatique de la Ville de Montréal, accusés conjointement de fraude, d'abus de confiance, de complot et de fabrication de faux documents. Ils auraient détourné une dizaine de millions.

Claude Dauphin, responsable de la sécurité publique à l'exécutif, a réagi quelques heures après la comparution des hommes en déclarant que son administration (celle de Gérald Tremblay) «n'a pas strictement fait des discours ou de belles paroles contrairement à certains de nos adversaires». «Aussitôt qu'on l'a su, on a agi, et avec 29 000 employés, malheureusement, dans la réalité de la vie, il peut se produire des choses irrégulières», a-t-il décoché à l'endroit de ses adversaires aux élections municipales.