Montréal n'aura jamais aussi été divisé depuis la création de la nouvelle ville. Élu sans majorité à l'hôtel de ville, Denis Coderre aura de plus à composer avec une forte opposition dans les arrondissements, car 10 des 19 postes de maire ont échappé à sa formation.

En 2005, seulement 2 des 19 mairies d'arrondissement avaient échappé à Union Montréal. L'opposition avait un peu mieux fait en 2009, en arrachant six postes. L'éclatement, il y a un an, du parti de l'ex-maire Gérald Tremblay a toutefois fortement morcelé la scène politique montréalaise.

Conséquence de cet éclatement, quatre arrondissements ont été remportés par d'anciens membres d'Union Montréal qui ont fait bande à part durant la campagne, en ne représentant aucun des quatre principaux partis en lice. Il s'agit de Luis Miranda dans Anjou, de Claude Dauphin dans Lachine, de Manon Barbe dans LaSalle et de Marie Cinq-Mars dans Outremont.

Malgré la défaite de son chef, Richard Bergeron, Projet Montréal a réussi à tout le moins à ajouter un arrondissement à son tableau de chasse. Au moment de mettre sous presse, son candidat dans Le Sud-Ouest, Jason Prince, était en voie de ravir le siège à Benoit Dorais. Son avance était toutefois d'à peine 0,6 %.

Malgré la bruyante contestation contre sa gestion de la circulation et ses pratiques de déneigement, Luc Ferrandez (Projet Montréal) a été réélu maire du Plateau-Mont-Royal. En fait, il a même réussi à améliorer son résultat, en recueillant tout près de 52 % des votes contre 45 % en 2009.

Élu en 2009 sous la bannière de Vision Montréal, François Croteau, qui a fait le saut chez Projet Montréal, a lui aussi réussi à conserver son poste, en récoltant près de 60 % des voix.

Des maires faibles pour la Coalition

La contre-performance de Coalition Montréal, de Marcel Côté, s'est répercutée jusque dans les mairies d'arrondissement. Seuls Russell Copeman, dans Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, et Réal Ménard, dans Mercier-Hochelage-Maisonneuve, ont été élus maires. Les deux n'auront toutefois qu'un contrôle relatif puisque leur parti n'a pas réussi à faire élire une majorité de candidats au conseil d'arrondissement. La défaite de Benoit Dorais dans Le Sud-Ouest aura été sans nul doute la perte la plus dure pour la formation.

Deuxième dans la course à la mairie, Mélanie Joly aura toutefois réussi à faire élire un seul maire d'arrondissement, dans L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève. Ancien d'Union Montréal, Richard Bélanger a été délogé par Normand Marinacci. Il s'agit pour lui d'un retour puisqu'il avait occupé le poste de maire de 1999 jusqu'aux fusions de 2002. Il avait échoué à se faire élire en novembre 2001 et en 2005.

Des neuf maires qu'Équipe Coderre a réussi à faire élire, un d'entre eux n'aura pas les coudées franches. Pierre Gagnier, dans Ahuntsic-Cartierville, devra composer avec une majorité détenue par Projet Montréal, parti qu'il a quitté en 2010.

Il reste que la majorité des candidats-vedettes d'Équipe Coderre aux postes de maire d'arrondissement ont été élus. Même Michel Bissonnet, sur la sellette pendant la campagne pour ses amitiés citées devant la commission Charbonneau, a facilement été réélu maire de Saint-Léonard, avec 72 % des voix.

Affrontements à prévoir

Cette division au sein des arrondissements annonce d'importants affrontements sur l'offre des services de proximité. Si la ville centre détermine les priorités, ce sont les arrondissements qui doivent souvent réaliser le travail.

C'est notamment le cas pour le déneigement. Les pratiques de déblaiement sont décidées à l'hôtel de ville, mais ce sont les maires d'arrondissement qui ont le dernier mot quant au moment où les travaux débutent. Le Plateau-Mont-Royal s'est souvent fait critiquer pour sa gestion du déneigement, le maire Luc Ferrandez se défendant en dénonçant le faible financement de son arrondissement.