Denis Coderre, que les sondages donnaient largement gagnant, a finalement remporté la mairie de Montréal avec un score beaucoup plus serré que prévu. Il hérite d'un conseil municipal complètement redessiné et dont les chefs de l'opposition pourraient être absents. Tout un défi pour les quatre prochaines années.

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La « proximité » et la « notoriété » de Denis Coderre l'ont finalement emporté.

L'ex-député libéral, que deux sondages donnaient largement gagnant, a été déclaré élu par la plupart des réseaux télévisés en début de soirée. Sa victoire a cependant été plus courte que prévu, alors qu'il a reçu l'appui de 31,6 % des électeurs montréalais, devant Mélanie Joly (26,5 %) et Richard Bergeron (26 %).

Le nouveau maire de Montréal est arrivé à L'Astral, au centre-ville de Montréal, à 23 h 45, après que Mélanie Joly, Richard Bergeron et Marcel Côté eurent fait leurs discours dans leurs camps. « Denis, Denis, Denis ! », scandaient ses principaux candidats réunis sur la scène et les quelque 200 partisans dans la salle.

Tout sourire, multipliant accolades et étreintes, Denis Coderre est apparu aussi content que fatigué. « Aujourd'hui, c'est une victoire pour la démocratie. »

« Ça fait 11 ans que j'attends cela ! s'est exclamée Anie Samson, mairesse réélue dans Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. J'ai été dans l'opposition tout ce temps-là, et là, je suis ravie d'être de nouveau au pouvoir pour pouvoir apporter une plus grande contribution. »

Bien qu'elle en soit à son sixième mandat, Mme Samson a dit qu'elle n'avait été sûre de rien. « On ne sait jamais et on ignorait quel pouvait être l'effet Mélanie Joly. »

La composition du nouveau conseil municipal que les Montréalais ont élu sera de toute évidence une boîte à surprises. Avec ses 27 conseillers en voie d'être élus au conseil municipal, à 6 sièges de la majorité absolue, Denis Coderre fera face à une opposition privée d'au moins 2 de ses chefs.

Projet Montréal devient la principale force d'opposition, passant de 10 à 22 élus au conseil municipal. Au moment de mettre sous presse, seul Richard Bergeron, de Projet Montréal, était toujours en position de voir sa colistière Janine Krieber élue. Devant ses partisans en fin de soirée, il n'a toutefois pas voulu s'engager à rester au conseil municipal pour les quatre prochaines années.

« À titre personnel, pour conclure, j'ai gagné par une très courte avance par le biais de ma colistière. Pour ce soir, je ne vous en dis pas plus. Je parlerai avec Janine et nous réfléchirons à toutes les options. C'est ma troisième campagne. Je suis très fier d'où j'ai envoyé Projet Montréal. »

Marcel Côté éliminé

Le chef de Coalition Montréal, Marcel Côté, n'a séduit que 12,8 % des électeurs montréalais. À 22 h, il a reconnu sa défaite. « La démocratie a parlé, a-t-il déclaré. Après plusieurs années marquées par les scandales, les élections nous permettront, j'espère, de tourner la page et d'aller de l'avant. [...] J'ai proposé une approche, elle n'a pas été retenue, je suis capable de comprendre le message. »

En 2009, celle qu'il a remplacée, Louise Harel, avait obtenu 32,7 % des voix. Ce résultat est d'autant plus catastrophique pour M. Côté qu'il n'obtient même pas le taux d'appui nécessaire pour se faire rembourser ses dépenses électorales, soit 15 %.

Son parti, qui a pris la relève de Vision Montréal qui comptait 11 conseillers au moment du déclenchement des élections, se retrouvait réduit à 5 sièges, au moment de mettre sous presse.

Trois conseillers pour Joly

Mélanie Joly a réalisé une performance exceptionnelle dans plusieurs arrondissements, arrivant même première comme candidate à la mairie de Montréal dans six d'entre eux. Si sa colistière Marie-Claude Johnson a échoué à se faire élire, Mme Joly pourra compter sur quatre élus de son parti, tous dans l'arrondissement de L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève.

Environ 150 militants de Mme Joly se sont réunis au Théâtre Plaza, hier, pour voir les résultats des élections. L'ambiance est demeurée festive pendant toute la soirée et les partisans ont chaudement applaudi chaque fois que l'écart s'amenuisait entre leur chef et Denis Coderre.

« Avec vous, on s'est approchés à deux pas de la victoire, ce que personne n'aurait prédit il y a un mois, a-t-elle déclaré. Tous ces efforts n'auront pas été vains, nous avons convaincu plus du quart des Montréalais que le vrai changement était possible. Nous allons nous assurer qu'ils seront entendus. Les résultats du vote montrent que la population montréalaise ne voulait pas donner un chèque en blanc à Denis Coderre. »

À l'échelle des arrondissements, l'équipe de Denis Coderre était en voie d'en contrôler 8 sur 19. La seule victoire-surprise de Coalition Montréal était celle de Russell Copeman à la mairie de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.

Parmi les candidats moins connus, seul l'éditeur Michel Brûlé a réussi une performance digne de mention, avec 1,37 % des voix. Aucun des six autres candidats n'a dépassé le cap des 1 %.

- Avec la collaboration d'Annabelle Blais, de Daphné Cameron et de Philippe Teisceira-Lessard

BIOGRAPHIE DU MAIRE

1997  

Après trois tentatives infructueuses afin de devenir député fédéral, Denis Coderre est élu pour la première fois à la Chambre des communes. Il sera réélu à cinq reprises.

1999

Il devient secrétaire d'État au sport amateur. Il sera entre autres ministre responsable de la Citoyenneté et de l'Immigration (2002-2003) et de la Francophonie (2003-2004).

2007

À partir de l'été 2007, l'homme devient un incontournable du 2.0, s'inscrivant d'abord sur Facebook. Sur Twitter, ses gazouillis sont aujourd'hui suivis par 114 038 abonnés.

2009

Lieutenant de Michael Ignatieff au Québec, le député de Montréal-Nord n'accepte pas de se voir imposer Martin Cauchon dans Outremont. Il quitte ses fonctions.

2012

Le 31 octobre, Denis Coderre renonce à briguer la direction du PLC. Il ne ferme toutefois pas la porte à une possible candidature à la mairie de Montréal.

2013

Après plusieurs mois de réflexion, Denis Coderre annonce, le 16 mai, qu'il sera candidat à la mairie de Montréal. Il est élu maire le 3 novembre.