À 24h des élections, pour ce dernier carnet de campagne, voici un retour en sept temps sur une campagne électorale qui risque d'être surprenante jusqu'à la dernière minute.

Des lancements mémorables

Un scénariste de Hollywood n'aurait pas fait mieux s'il avait concocté le lancement de campagne des deux candidats à la mairie qui mèneraient la course.

La conférence de presse confirmant la candidature de M. Coderre, le 16 mai, a été ruinée par des manifestants qui l'ont hué. Mélanie Joly, elle, a annoncé sa candidature le jour de l'arrestation du maire de Montréal, Michael Applebaum, le 17 juin.

Équipe et programme

«Après un certain suspense» de deux mois, comme elle en a elle-même convenu, Mélanie Joly présente un premier groupe de 14 candidats le 29 août. Elle en présentera 55 finalement le 3 novembre.

Dans le registre du «suspense» savamment entretenu, Denis Coderre dévoilera au compte-gouttes son programme à partir du 20 septembre. Ses «grandes lignes», il les présente ce soir-là à la TOHU devant un millier de partisans. Il égrènera ensuite les plateformes thématiques - société, culture, économie, technologie - pendant tout le mois d'octobre.

Deux sondages, une remontée

Le premier sondage, celui de Léger-Agence QMI publié le 7 octobre, confirmait sans surprise l'avance de Denis Coderre, à 39%, et plaçait Richard Bergeron en deuxième position, avec 23% des répondants. Mélanie Joly et Marcel Côté étaient presque à égalité, à 16 et 17%. Coup de tonnerre le 15 octobre: un sondage CROP-Radio-Canada place Mélanie Joly en deuxième position, à 24%. Pour Côté, c'est la dégringolade, avec 11%.

Les robots attaquent

Marcel Côté a dû gérer la première controverse notable de la campagne le 10 octobre, celle des «robocalls», des faux sondages automatisés qui transféraient les répondants à de la publicité négative.

M. Côté s'est excusé le jour même. Il a plus tard attribué à cet incident de parcours sa chute brutale dans le sondage CROP, mené dans les jours suivants.

Cet incident, combiné à une certaine «gaucherie» face aux médias et son incapacité à résumer sa pensée en «clips», traits qu'il reconnaît volontiers, marqueront sa campagne.

Escorte et violence conjugale

Épargnée à ses débuts, Mélanie Joly sera rapidement confrontée à la dureté de la vie politique à partir du 18 octobre.

La Presse révèle ce jour-là le passé étonnant d'une candidate de l'équipe Joly, Bibiane Bovet, une ex-escorte dans la ligne de mire de l'Autorité des marchés financiers.

Le 30 octobre, le jour même où elle doit affronter en débat télévisé Denis Coderre, Mme Joly doit défendre un candidat interrogé par la police pour une affaire de violence conjugale.

Les ratés du «filtre Coderre»

L'expression de «filtre Coderre», utilisée par le candidat à la mairie lors d'une entrevue éditoriale à La Presse le 24 octobre, fera les choux gras de ses adversaires pour le reste de la campagne.

Le 29 octobre, Robert Zambito, candidat de l'équipe Coderre dans Saint-Léonard visé par des allégations de pots-de-vin, démissionne.

Deux jours plus tard, La Presse révèle les «amitiés embarrassantes» du candidat à la mairie de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, présent lors d'une fête en 2008 regroupant des proches de la mafia.

Sans faute et sans étincelle

Des quatre principaux candidats à la mairie, Richard Bergeron est le seul à avoir mené une campagne sans faute. Le chef de Projet Montréal, avec ses 102 candidats, s'est distingué par la profondeur de son programme et sa connaissance des enjeux de Montréal. Il reste malgré tout le mal-aimé des sondages, récoltant grosso modo le score qu'il a obtenu en 2009, soit 25%.

Sa troisième tentative sera vraisemblablement la dernière s'il n'est pas élu maire.