Divers mouvements nationalistes déplorent que la défense de la langue française ne fasse pas partie des priorités des divers candidats qui se font la lutte au cours des élections municipales montréalaises.

Le Mouvement Montréal Français (MMF) avait invité les partis et les candidats indépendants à se prononcer sur le sujet, mais seulement cinq aspirants à une fonction élective se sont présentés à un point de presse tenu devant l'Hôtel de Ville, dimanche matin.

Denis Coderre et Mélanie Joly n'ont délégué aucun représentant. Un troisième, Michel Brûlé, qui selon les organisateurs, avait confirmé sa présence, a plutôt brillé par son absence.

Ces absences n'ont pas passé inaperçues, note le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et du Mouvement Québec français, Mario Beaulieu.

M. Beaulieu a dénoncé «le peu d'attention accordée à la question linguistique». Selon lui, ce résultat démontre «qu'il va falloir travailler encore beaucoup plus fort pour que l'enjeu linguistique devienne incontournable». Il entend continuer de talonner les futurs élus pour qu'ils dotent Montréal d'une politique linguistique formelle.

Il affirme que les services municipaux doivent «toujours être offerts en français d'abord que ce soit les services téléphoniques ou encore ceux qui sont proposés dans les transports en commun».

De son côté, le porte-parole du MMF, le comédien Denis Trudel, estime lui aussi qu'il importe de continuer d'exercer de la pression sur la classe politique.

Il espère que l'exercice de dimanche aura permis de remettre le français à l'avant-scène, car cet enjeu a été, à son avis, @«un peu évacué» durant la campagne électorale. Or, à ses yeux, ce thème est «fondamental» pour que «la culture française puisse vivre à Montréal, puisse s'épanouir».

M. Trudel pense que bien des politiciens actifs ou en devenir hésitent à s'aventurer sur le terrain linguistique sous prétexte qu'«il y a beaucoup d'anglophones sur le territoire de la Ville de Montréal et ... que les candidats ont l'impression que s'ils se mouillent pour le français, ils vont s'aliéner cette communauté.»

Denis Trudel souhaite qu'ils se défassent de cette idée et qu'ils arrêtent également de penser que «tout se décide à Québec» lorsque vient le temps d'assurer la protection de la langue.

«À Montréal, il y a des fonctionnaires, il y a de l'affichage, il y a des communications avec les citoyens qui doivent respecter l'esprit de la loi 101», explique-t-il.

Le porte-parole du MMF ajoute que les futurs élus de Montréal doivent absolument garder en tête que «le français c'est la langue commune» et que, par conséquent, il faut qu'ils s'engagent à en faire la promotion «dans les communications de la Ville, dans les dépliants, dans les réunions du conseil».

M. Trudel juge que les citoyens ont aussi leur bout de chemin à faire «pour préserver le visage francophone» de la métropole.

Il déplore, d'ailleurs, le fait que le Montréalais moyen se montre plutôt mou quand vient le temps de défendre le français.

Pour que les choses puissent éventuellement changer, il soutient que la mentalité collective devra évoluer.

«J'ai l'impression que, linguistiquement parlant, les francophones sont restés un peu colonisés. On voit encore l'anglais comme la langue du maître. Souvent, on a de la misère à se planter les deux pieds à terre pour dire ça va se passer en français», précise-t-il.

S'il faut en croire M. Trudel, le résultat de ce complexe d'infériorité est que «dès qu'il y a quelques francophones qui rencontrent un anglophone, tout le monde se met à jaser en anglais comme si ça nous élevait de parler en anglais».