Les quatre principaux candidats à la mairie sont d'accord: Montréal a besoin de plus de transports collectifs, d'espaces verts, de pistes cyclables et d'un meilleur accès aux berges.

Mais les griffes sortent quand on aborde le sujet controversé du centre de compostage dans Saint-Michel et la place de l'automobile dans la métropole.

Réunis hier soir pour un débat par le Conseil régional en environnement, Richard Bergeron, Denis Coderre, Marcel Côté et Mélanie Joly ont souvent rappelé à quel point leurs programmes sont semblables sur plusieurs points, quand il s'agit de transport et d'environnement. Pendant deux heures et demie, sous l'oeil attentif de quelque 200 spectateurs dans un amphithéâtre de l'Université du Québec à Montréal, les candidats ont énuméré promesses et projets sans provoquer d'étincelles, du moins au début.

Accusations d'électoralisme

«Vous aurez remarqué qu'on ne s'est pas trop chicané depuis le début de ce débat», a lancé après deux heures Richard Bergeron.

Quelques secondes plus tard, les premiers échanges vigoureux sont venus ponctuer le débat entourant le centre de compostage de Saint-Michel. Mélanie Joly et Richard Bergeron ont notamment accusé MM. Coderre et Côté d'avoir changé leur fusil d'épaule par électoralisme. «Vous êtes entré dans le débat avec vos gros sabots pour manipuler l'opinion publique à des fins purement électoralistes», a accusé M. Bergeron. «Si être à l'écoute de 10 000 signataires de pétition, c'est avoir de gros sabots... alors oui, je le ferai», a répondu M. Coderre, qui a prédit que M. Bergeron lui poserait dorénavant des questions sur ce sujet «comme chef de l'opposition».

Idées communes

Aucun des quatre n'a réellement dominé le débat ou commis d'impair. D'entrée de jeu, tous reconnaissent la nécessité d'investir massivement dans les transports collectifs, adhèrent au principe de protéger et développer les espaces verts dans l'île et estiment que les Montréalais n'ont pas un accès suffisant au fleuve. Ils ont promis de nouvelles voies réservées et des pistes cyclables.

Seul le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a rappelé son soutien au projet de tramway. Denis Coderre a apporté une nuance à l'enthousiasme de ses adversaires, estimant que «Montréal a besoin de faire son propre ménage».

«On doit mettre de l'ordre. Vous avez des gens qui souhaitent qu'on taxe plus les voitures, il faut trouver un certain équilibre. Si on veut avoir l'ambition de ses moyens, il faut trouver l'argent. Ça ne pousse pas dans les arbres», a-t-il déclaré.

Quant aux rues piétonnières, Marcel Côté a manifesté son peu d'enthousiasme devant le projet d'en ajouter de nouvelles à Montréal. «C'est compliqué. On ne peut pas faire la fête 365 jours par année sur des rues commerciales.»

Respect et vol d'idées

C'est Richard Bergeron qui, le premier, avait lancé une première salve en rappelant que l'objectif de son parti était de diminuer le parc automobile de la métropole. «La chose qu'il ne faut pas dire, que le parc automobile augmente de 35 000 voitures par année, a dit M. Bergeron. Durant les 10 prochaines années, il augmentera encore de 35 0000 si l'un des trois autres candidats est élu.»

Denis Coderre, pour sa part, estime que ce n'est pas «une révolution, mais une évolution» qui est nécessaire pour Montréal. «On ne va pas enlever 50% des voitures. On doit avoir une vision régionale; tout doit se faire dans la dignité, dans le respect, de façon inclusive.»

Pour Marcel Côté, la meilleure façon de «diminuer l'appel de l'automobile» reste de rendre les transports collectifs plus attrayants, «et non pas en créant des nuisances additionnelles aux automobilistes.» Il a maintes fois rappelé son engagement dans l'organisme Les Amis de la montagne pour démontrer son attachement à la cause de sa sauvegarde.

Mélanie Joly a plusieurs fois interpellé ses adversaires, décrivant M. Coderre comme «le candidat des banlieues» et l'accusant d'avoir pigé dans son programme pour promettre, par exemple, un «amphithéâtre naturel» au parc Jean-Drapeau. Après le débat, elle a reconnu qu'elle avait fait de Denis Coderre sa cible privilégiée. «Pour moi, il a une approche électoraliste, peu importe le sujet [...] Le retour d'Union Montréal sous l'égide de M. Coderre me préoccupe.»

Pour sa part, le principal intéressé a bien senti qu'il avait été plus souvent attaqué. «Il y a des réalités politiques qu'on comprend», a expliqué en point de presse celui qu'un sondage créditait hier d'une avance solide sur ses adversaires.