Les trois candidats à la mairie ont indiqué dimanche qu'ils préfèrent parler de leur programme plutôt que d'éthique et d'intégrité dans le dernier droit de la campagne, alors que des milliers de Montréalais se sont exprimés lors du vote par anticipation.

Quelque 57 759 électeurs, soit 5,25% de la population éligible, se sont rendus aux 630 bureaux de vote déployés dans la métropole. C'est beaucoup plus qu'en 2005, alors qu'à peine 2,9% des Montréalais étaient allés aux urnes au vote par anticipation.

«Je suis resté surpris du nombre de personnes qu'il y avait à l'intérieur», a confié Yves Fontaine, rencontré à la sortie du bureau de scrutin de l'école Champlain, dans le quartier Centre-Sud.

Des files d'attentes importantes ont été signalées à différents endroits dans la Ville, notamment dans le secteur Côte-des-Neiges. À Verdun, certains ont mis entre 30 et 45 minutes avant d'aller voter en raison de l'arrivée massive de résidants d'un centre pour personnes âgées.

Si certains observateurs craignaient que les scandales qui ont miné la course à la mairie n'amènent les Montréalais à bouder le vote, des citoyens rencontrés dimanche ont affirmé exactement le contraire.

«Personnellement, ça m'a plutôt incité à aller voter, a expliqué Éric Laframboise, un résidant de l'arrondissement Ville-Marie. J'ai fait un peu plus d'étude qu'à l'habitude.»

Tourner la page

Les trois principaux candidats à la mairie, eux, ont cherché tourner la page sur la controverse, qui a connu son paroxysme la semaine dernière avec la démission fracassante de Benoit Labonté et ses révélations-choc dans les jours suivants.

Le maire sortant, Gérald Tremblay, a précisé qu'il ne voulait pas «minimiser» l'importance de l'éthique dans les prochains jours. Mais il souhaite que les candidats débattent sur les enjeux qui affectent davantage le quotidien des Montréalais, comme les services aux citoyens et le transport collectif.

«Ça a été des événements, des allégations, des rumeurs, du ouï-dire, alors donnons aux autorités compétentes la responsabilité d'éclaircir cette situation, a-t-il indiqué en marge d'un discours devant la communauté libanaise. Nous, ce qui est important, c'est qu'on puisse faire une campagne sur les grands enjeux.»

Rappelons que M. Labonté, ex-numéro deux de Vision Montréal, a affirmé que sa propre formation recourait à du financement auprès des entreprises. Il a également accusé des proches de Gérald Tremblay d'être impliqués dans un système de ristournes sur les contrats de la Ville de Montréal, nommant Bernard Trépanier, ex-directeur du financement à Union Montréal, et Sammy Forcillo, vice-président du comité exécutif.

Tant Gérald Tremblay que Sammy Forcillo ont accusé M. Labonté de mentir, samedi. Interrogée à savoir qui dit vrai, Louise Harel a esquivé la question au lieu de relancer la controverse, affirmant qu'elle n'est pas «arbitre» dans ce débat.

La chef de Vision Montréal, qui a réitéré son intention de centraliser des services municipaux gérés par des arrondissements, a indiqué qu'elle mettrait l'accent sur son programme dans la dernière semaine de la campagne. -

«Nous avons à maintes reprises fait connaître nos engagements», a indiqué Mme Harel.

«Nous souhaitons avoir, dans ce dernier droit, l'occasion de le rappeler», a-t-elle ajouté.

«Si les autres ne veulent plus parler d'éthique, c'est parce que ça les désavantage, a pour sa part raillé Richard Bergeron. Ce sont leurs bilans qui sont en cause, leurs méthodes de vieux partis, leurs méthodes de politiciens professionnels.»

Le chef de Projet Montréal a indiqué qu'il ne se gênera pas pour critiquer ses adversaires sur l'éthique et l'intégrité dans les prochains jours. Mais il concède que sa formation est plutôt en «mode programme».