Tout d'abord considéré comme le dauphin du maire Gérald Tremblay, même pressenti pour lui succéder à la tête d'Union Montréal, Benoit Labonté a connu une carrière politique municipale au cours de laquelle plusieurs de ses alliés se sont transformés en adversaires. Benoit Labonté venait à peine de faire son entrée à l'hôtel de ville, en tant que maire de l'arrondissement de Ville-Marie, en 2005, que le maire Tremblay lui confiait déjà un poste stratégique: la culture et le centre-ville.

Durant deux ans, et ce, jusqu'à ce jour fatidique du 17 septembre 2007 où il claque la porte du parti du maire de Montréal, Benoit Labonté est de toutes les grandes annonces concernant les grands projets du centre-ville, et la construction du Quartier des spectacles. Il est même au bras du maire Tremblay le jour de la tuerie au collège Dawson, en septembre 2006. Mais peu de temps après, au cours de l'hiver, des sources à l'hôtel de ville commencent à dire que sa façon de faire «selon les règles» dérange. Et que ses ambitions font des jaloux chez les vieux routiers.

 

Au début du mois de septembre 2007, voguant sur sa popularité, Benoit Labonté s'accorde quelques jours de repos en Europe. Pendant ce temps, coup de théâtre à l'hôtel de ville. Le maire Gérald Tremblay décide de se réapproprier le centre-ville et la culture, plus particulièrement le Quartier des spectacles. Le président du comité exécutif de l'époque, Frank Zampino, annoncera que le mandat de construction est confié à la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM). Benoit Labonté est furieux. Il démissionne en ne manquant pas de décrier le manque de leadership de Gérald Tremblay.

«Je ne suis pas venu en politique montréalaise pour ralentir les réformes nécessaires, encore moins pour tergiverser. Je n'y suis pas venu avec la crainte de déranger s'il le fallait», dit-il dans son allocution de démission. Dans la tourmente, il tourne aussi le dos à son directeur des affaires publiques à l'arrondissement, Jean-Yves Duthel, parce qu'il lui reproche des notes de frais trop coûteuses.

L'ère Vision Montréal

Le maire de Ville-Marie ne reste pas longtemps maire indépendant. Quelques semaines plus tard, Benoit Labonté annonce son adhésion à Vision Montréal, puis parvient rapidement à déloger le chef du parti, François Purcell. Ce dernier est rapidement en froid avec Benoit Labonté. Il est aujourd'hui candidat pour le parti de Gérald Tremblay.

«Benoit Labonté n'est pas un homme de principes», dira le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand, lui aussi passé dans les rangs d'Union Montréal.

À Vision Montréal, Benoit Labonté dérange aussi. Les départs se succèdent. Interrogé à l'époque par La Presse, il dit qu'il sait qu'il a des «ennemis», mais qu'il veut de l'action à Montréal et que ceux qui ne travaillent pas dans ce sens n'ont qu'à partir. C'est ce qui survient. Au printemps dernier, avec la démission subite du directeur général de Vision Montréal, Giulio Maturi, les départs de cadres, élus, ou membres importants se succèdent.

Mary Deros, Richer Dompierre, Claire Saint-Arnaud (ex-leader de l'opposition officielle) et le conseiller Pierre Mainville quittent le caucus de Vision Montréal en 2008. L'ex-directeur général Robert Laramée, qui a déjà tenté un putsch contre Labonté lors du congrès du parti, en avril dernier, claque aussi la porte. Christine Hernandez, présidente dans Outremont, Suzanne Gouin, présidente dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, et deux membres du comité exécutif dans Rosemont-La Petite-Patrie, France Laplante et Uldège Couture, démissionnent à leur tour.

Dans sa garde rapprochée, Benoit Labonté perd en août dernier son chef de cabinet, Pierre d'Amours, apparemment à couteaux tirés avec Irène Marcheterre, la nouvelle conseillère politique. Sans oublier d'autres employés: Stéphane Dion, Daniel Saint-Louis, Sébastien McQuade, Félix-Antoine Jolicoeur. Et plus récemment ,Vincent Chaput, un fédéraliste convaincu qui n'a pas digéré que Benoit Labonté renonce à la mairie de Montréal et déroule le tapis rouge à Louise Harel. Tous des alliés. Des alliés devenus des adversaires de Benoit Labonté.