Gérald Tremblay et Richard Bergeron sont arrivés côte à côte à un débat des chefs à la jeune chambre de commerce, hier. Louise Harel, qui les suivait de peu, s'est avancée, a serré la pince à Richard Bergeron et a ignoré M. Tremblay. Entre les deux, pas un regard. Pas une poignée de main.

Ce petit prélude de coulisse a donné le ton au reste. Les piques ont fusé de toutes parts, et ce, même si le format choisi à la jeune chambre n'était pas celui du débat mais de la tribune occupée à tour de rôle par chacun des candidats.

 

Gérald Tremblay a raillé Louise Harel, qui avait erronément ajouté un milliard au budget de la Ville. Louise Harel a dit que le maire Tremblay avait «donné les clés de la ville aux entrepreneurs en leur disant: Servez-vous!»

L'acrimonie a monté d'un cran lors du débat radiophonique qui a suivi, animé par Benoit Dutrizac à la station 98,5.

«Ne dites pas n'importe quoi», a dit Louise Harel. «Ne mentez pas, madame Harel», a répliqué Gérald Tremblay.

Plus tard: «Ce n'est pas parce que je suis une femme qu'il va m'interrompre», a lancé Louise Harel, furieuse que M. Tremblay lui ait coupé la parole.

À un autre moment, Gérald Tremblay a accusé Louise Harel de s'être trouvée assise un jour, dans l'auditoire du conseil municipal, à côté de Michel Parent, président du syndicat des cols bleus.

Louise Harel et Gérald Tremblay étaient tous deux si pompés que Benoît Dutrizac a senti le besoin de leur demander si ça allait et de leur rappeler que tout ça n'était qu'un débat.

Richard Bergeron, lui, s'est moqué de Gérald Tremblay, qui venait de se targuer d'être à la tête de la première administration à obtenir du gouvernement du Québec le statut de métropole, ce qui vaut un chèque annuel de 35 millions à Montréal. «Quand j'étais jeune, Montréal, c'était la métropole du Canada, et là, le maire est tout fier de dire qu'elle est la métropole du Québec!»

Au cours de ces deux débats, quel message ont voulu passer les candidats?

Louise Harel s'est d'abord indignée de ce que le maire n'ait pas profité de la journée d'hier - la dernière à sa disposition dans le présent mandat - pour annuler le contrat des compteurs d'eau. Elle a par ailleurs annoncé son intention de doubler le budget du Conseil des arts de Montréal et d'introduire «une certification ISO diversité» qui ferait en sorte que les communautés culturelles seront plus présentes dans l'administration publique et même chez les sous-traitants. Elle a aussi dit qu'elle entendait redonner aux urbanistes de la ville l'importance qu'ils avaient avant l'ère Tremblay.

Très volubile et maximisant au possible son temps de parole aussi bien devant la jeune chambre de commerce qu'à la radio, Gérald Tremblay a insisté sur le fait que, jusqu'ici, le contrat des compteurs d'eau allait coûter 3,5 millions aux contribuables - la pénalité de résiliation du contrat - en plus des travaux déjà réalisés, pour lesquels une seule facture de 91 000$ a été reçue.

Le maire a insisté sur le prolongement du métro - qui peut se faire rapidement, a-t-il dit, «pas dans 15 ans» -, sur sa volonté de rendre la ville plus concurrentielle et sur des projets déjà lancés, comme le Quartier des spectacles et la réhabilitation des terrains de la gare de triage d'Outremont (qui fera place à des logements abordables, à des pavillons de l'Université de Montréal et à des parcs).

Comme Régis Labeaume à Québec, Richard Bergeron a annoncé qu'il voulait qu'«un geste architectural» soit fait à l'entrée de la ville. En clair, qu'un grand édifice soit planté dans le fleuve et devienne l'icône de Montréal.

Quant à Louise O'Sullivan, elle s'est beaucoup étendue sur le parcours universitaire de son fils, qui, faute d'emploi à sa mesure au Québec, a dû s'exiler. Sa priorité à elle, donc: créer des emplois à Montréal.