À quelques jours du lancement de la campagne électorale municipale, Louise Harel oppose une lutte très serrée à l'actuel maire, Gérald Tremblay. Que ceux qui prédisaient une campagne terne et sans surprise se détrompent. Un sondage Angus Reid Strategies - La Presse accorde une légère avance à la nouvelle chef de Vision Montréal.

Si des élections avaient lieu aujourd'hui, Louise Harel obtiendrait 41% des appuis et Gérald Tremblay, 38%. Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, arriverait troisième avec 14% des voix. Quant à Louise O'Sullivan, du parti Montréal Ville-Marie, elle ne récolterait que 4%. Ces résultats laissent croire que la prochaine administration fera face à une forte opposition

Ils sont 29% à penser que Louise Harel est la meilleure candidate à la mairie de Montréal, alors que 24% croient que Gérald Tremblay est encore l'homme de la situation.

Mais tout peut encore changer, fait remarquer la firme de sondages. Malgré l'avance de Louise Harel, près du tiers des gens à qui on a demandé qui serait «le meilleur maire ou la meilleure mairesse de Montréal» sont encore indécis (30%). Et les anglophones sont peu nombreux, à peine 12%, contre 59% pour Gérald Tremblay, à accorder leur vote à la chef de Vision Montréal. Les allophones penchent eux aussi du coté de l'actuel maire.

En revanche, plus de la moitié des francophones (57%) et 44% des femmes accordent leur appui à l'ancienne ministre des Affaires municipales. Louise Harel obtient aussi la faveur des 18-34 ans, qui l'appuient à 47%, comparativement à 28% pour Gérald Tremblay. L'actuel maire parvient quand même à marquer des points auprès des 55 ans et plus (42%), qui appuient Mme Harel à 39%.

«Il faut aussi noter que 30% des gens qui voté pour le maire Gérald Tremblay aux dernières élections ont cette fois l'intention de choisir Louise Harel, dit Jaideep Mukerji, vice-président aux affaires publiques d'Angus Reid Strategies. D'autre part, 78% de ceux qui ont voté pour la chef du Parti québécois, Pauline Marois, aux élections provinciales ont l'intention d'appuyer Louise Harel aux élections municipales.»

Les candidats ont été avares de commentaires hier sur ces résultats. «On peut dire que c'est un sondage favorable, mais on veut maintenant que ça se traduise dans les intentions de vote», a dit Marie-Hélène D'Entremont, porte-parole de Louise Harel. «Ce n'est pas le dernier sondage qu'il y aura au cours de la campagne électorale. Le véritable sondage aura lieu le 1er novembre», s'est contenté de déclarer Bernard Larin, porte-parole de Gérald Tremblay.

De son côté, Richard Bergeron, avec les résultats qu'il obtient, demeure optimiste: «J'ai toujours dit qu'on entrerait en campagne avec 15%. C'était ça l'objectif. Pour moi, c'est notre zone de confort. Nous sommes là où je souhaitais que Projet Montréal soit à ce moment-ci. Il reste beaucoup de travail à faire, mais il reste 48 jours devant nous»

Effet scandale

À la veille du déclenchement officiel de la campagne électorale, les Montréalais ne se sont jamais autant clairement montrés insatisfaits de l'actuelle administration municipale: 58% des personnes sondées s'en déclarent «très insatisfaites» ou «plutôt insatisfaites».

Par ailleurs, les enquêtes de la Sûreté du Québec en cours à l'hôtel de ville font mal à l'administration Tremblay-Dauphin. Malgré les messages rassurants et répétés du maire à la population dans les derniers jours, 53% des répondants disent qu'ils sont «beaucoup ou moyennent» influencés par les récents scandales dans leurs intentions de vote.

Dans la même veine, lorsqu'on leur demande si l'administration municipale «lutte suffisamment contre la corruption», les électeurs sont plus des deux tiers (67%) à répondre par la négative. Probablement une conséquence directe des scandales, 27% des gens estiment que Louise Harel est mieux placée pour combattre la corruption dans l'administration municipale, et 17% y voient toujours le maire Tremblay. À noter que, encore une fois, les francophones se montrent plus nombreux à désigner Louise Harel, dans une proportion de 42%.

Les résultats du dernier sondage de La Presse, conduit au mois de mai dernier par la même firme auprès d'un échantillonnage similaire, révélaient que près quart des gens sondés (26%) étaient prêts à voter pour le maire Gérald Tremblay. La popularité de Louise Harel, qui n'était pas encore dans la course au moment du sondage, avait été sondée. Parmi d'autres candidats, elle obtenait 17% de la confiance des citoyens pour devenir mairesse de Montréal. 

Le sondage Angus Reid Strategies - La Presse a été réalisé les 9, 10 et 11 septembre derniers auprès de 815 répondants à l'aide d'un formulaire sur le web. Il s'agissait de résidants de Montréal, francophones (59%), anglophones et allophones (41%), aptes à voter aux prochaines élections municipales. La marge d'erreur de ce sondage est de plus ou moins 3,43 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

-Avec la collaboration de Daphné Cameron et Émilie Côté