Ce devait être l'élection qui consacrerait la renaissance ou la déroute des conservateurs au Québec. Elle a tout au plus confirmé leur présence : les Québécois vont envoyer à Ottawa un groupe de députés semblable à celui qu'ils avaient délégué en 2006.

La campagne marquée par les manifestations des artistes contre les compressions en culture, ainsi que les critiques soulevées par la promesse conservatrice d'alourdir les peines aux jeunes contrevenants n'auront finalement pas détourné les électeurs du parti de Stephen Harper. Celui-ci semblait en bonne voie de conserver ses acquis, ayant récolté 23 % des voix au Québec. Le Bloc, avec 38,4 % des suffrages, se rapproche du pire score de sa jeune histoire, alors qu'il avait attiré 38 % des électeurs en 1997. Il était tout de même en bonne position pour envoyer 50 députés à Ottawa, un de moins qu'en 2006. L'île de Montréal semblait encore une fois tourner le dos au parti de Stephen Harper. En 2006, la métropole avait envoyé 11 libéraux et 7 bloquistes à Ottawa. Le portrait était semblable hier en fin de soirée.

L'issue d'une des courses les plus suivies, celle opposant Justin Trudeau à Vivian Barbot dans Papineau, s'est conclue par la victoire annoncée du fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, par une marge de 1300 voix avec plus de la moitié des résultats dévoilés.

Le sénateur et ministre Michael Fortier, qui jouait sa carrière politique dans Vaudreuil-Soulanges, a été battu par la bloquiste Meili Faille avec une avance confortable de 4300 voix. Mme Faille avait déjà battu Marc Garneau en 2006 par la marge de 9151 voix.

Dans Ahuntsic, la bloquiste Maria Mourani, qui avait remporté de chaude lutte la circonscription en 2006 par une marge de 834 voix, devançait de peu la libérale Eleni Bakopanos par moins de 198 votes avec plus de la moitié des boîtes de scrutin dépouillées.

Dans Outremont, Thomas Mulcair devait démontrer que son élection lors d'une partielle en 2007 n'était pas un accident de parcours - il avait obtenu une confortable avance de 4441 voix sur le libéral Jocelyn Coulon. En avance d'une cinquantaine de voix vers 23 h 30, il était talonné de près par son rival libéral Sébastien Dhavernas.

Dans Westmount-Ville-Marie, anciennement détenue par Lucienne Robillard, l'ex-astronaute Marc Garneau a finalement réussi son entrée en politique en battant ses rivaux Anne Lagacé Dowson, du NPD, et Guy Dufort, du PCC, avec 48,4 % des voix.

Dans la région de Québec, les conservateurs tentaient de rééditer l'exploit de 2006, alors qu'ils avaient raflé sept circonscriptions. Ils semblaient en bonne voie de remporter leur pari, à une exception près.

Le député conservateur Daniel Petit faisait face au bloquiste Denis Courteau dans la circonscription de Charlesbourg-Haute-Saint-Charles. Il dominait son rival bloquiste avec 37,5 % des voix contre 30,1 %. La ministre du Patrimoine Josée Verner, dans Louis-Saint-Laurent, affrontait la bloquiste France Gagné. Sévèrement critiquée pour sa gestion du dossier des compressions en culture, Mme Verner a gagné avec plus de 2000 voix de majorité.

Dans Jonquière-Alma, le ministre du Travail Jean-Pierre Blackburn faisait face à la bloquiste Chantale Bouchard. La jeune avocate de 28 ans a perdu devant le vieux routier conservateur, qui a obtenu une majorité de 53 %.

La Beauce a refait confiance à l'ex-ministre Maxime Bernier. Celui qui a été écorché dans l'affaire Julie Couillard a tout de même battu son rival bloquiste André Côté par une majorité convaincante de 63,2 % des voix.