Même s'il n'est pas premier ministre ni chef de l'opposition et qu'il n'a pas réussi à battre le score historique de 1988, le chef du NPD, Jack Layton, estime que son parti a fait des progrès importants dans ce scrutin.

«C'est évident que nous avons encore beaucoup de travail à faire avant que je puisse devenir premier ministre. Mais ce travail de construction pourra se faire sur les fondations solides acquises durant cette élection», a souligné au lendemain du scrutin M. Layton, qui s'était présenté toute la campagne en demandant aux électeurs de l'élire à la tête d'un gouvernement néo-démocrate.

 

En 1988, le NPD d'Ed Broadbent avait obtenu 43 députés, score historique jamais égalé depuis.

Le NPD a remporté cette fois sept sièges de plus qu'il n'en détenait au moment du déclenchement des élections le 7 septembre, pour atteindre le total de 37 députés. Mais son vote populaire n'a augmenté que de moins d'un point, de 17,5% à 18,2%. Quelques gains ont réjoui les troupes; une percée historique à Terre-Neuve et Labrador, et une victoire inespérée en sol albertain, dans Edmonton-Strathcona. Les néo-démocrates ont aussi ravi cinq sièges aux libéraux en Ontario, notamment dans le nord de la province.

Le NPD avait misé gros sur le Québec pour la première fois de son histoire, dépensant un million de dollars (sur sept) en publicité, visitant la Belle Province à plusieurs reprises. Si l'appui populaire a nettement augmenté, de 7,5% en 2006 à 12,2% en 2008, cette hausse ne s'est pas transformée en députés supplémentaires. Seul Thomas Mulcair, dans Outremont, a conservé, à l'arraché, son siège obtenu à la faveur d'une élection partielle, en septembre 2007. Mais pour le chef néo-démocrate, il s'agit tout de même d'une victoire.

«On a accompli un objectif historique, nous avons élu notre premier député dans des élections générales. Il y a des gens qui ont dit que ce serait impossible pour le NPD, a souligné M. Layton. On a maintenant une équipe de candidats et de militants qui est vraiment extraordinaire. Avec cet enthousiasme-là, on va travailler pour représenter les préoccupations des Québécois à la Chambre des communes.»

Le leader néo-démocrate a rappelé que lorsqu'il a été élu à la tête du parti, le NPD était pratiquement inexistant au Québec. En 2000, seuls 1,8% des Québécois avaient voté pour les néo-démocrates, alors sous le leadership d'Alexa McDonough.

«Nous avons maintenant un député au Parlement et beaucoup plus de votes que ça. Nous sommes arrivés deuxièmes dans plusieurs circonscriptions. Je suis très confiant pour la suite des choses», a dit M. Layton.

Daniel Breton, dans Jeanne-Le Ber, a mordu la poussière, terminant troisième derrière le Bloc et le Parti libéral. Dans Gatineau, Françoise Boivin, ancienne députée libérale, a perdu par quelque 1500 votes contre le bloquiste Richard Nadeau.

Là où la défaite a été plus difficile à encaisser, c'est en Atlantique, où avec le quart du vote populaire, Jack Layton n'a pu faire élire que quatre députés sur les 32 sièges et pire, en Saskatchewan, où aucun candidat du NPD n'a percé, malgré un appui de plus de 25% de la population dans l'ensemble de la province.

En conférence de presse au lendemain du scrutin, le chef néo-démocrate a appelé à une réforme du système électoral, pour y introduire la proportionnelle, devant un taux de participation qui a atteint son plus bas niveau de l'histoire.

M. Layton s'est engagé à travailler avec les autres partis, dans la prochaine session parlementaire, afin de mettre de l'avant les intérêts des familles moyennes canadiennes. Il a aussi sommé le premier ministre conservateur nouvellement réélu, Stephen Harper, de faire preuve d'ouverture pour s'assurer du bon fonctionnement de la Chambre.