Une chose est claire, en ce début de campagne: c'est sur le chef libéral, Michael Ignatieff, que la pression est la plus forte.

Pression de tenir le coup dans sa première campagne comme chef contre des adversaires expérimentés, pression de casser cette image d'intello distant, pression exercée par les publicités conservatrices très dures à son endroit, pression des sondages qui le placent loin derrière son adversaire principal, pression de faire, au minimum, mieux que Stéphane Dion... Bref, toute une commande pour celui qui a dit péremptoirement, en 2009, qu'il deviendrait assurément premier ministre.

Son entourage à Ottawa ne cesse de répéter qu'il s'est amélioré et qu'il surprendra bien du monde d'ici au scrutin. Vrai, il a connu un été productif et positif, qui lui a permis de se faire connaître et de se rapprocher des électeurs. Mais, de toute évidence, le courant ne passe pas entre le chef libéral et les Canadiens.

Normalement, le chef de l'opposition officielle part en campagne électorale avec un plan plutôt simple: attaquer sans relâche le gouvernement, dresser un sombre bilan de ses réalisations et promettre, évidemment, de faire beaucoup mieux.

Malheureusement pour Michael Ignatieff, cette campagne risque plutôt de devenir un référendum sur son leadership et non sur la performance du gouvernement de Stephen Harper.

Dans les rangs libéraux, sur le terrain, les organisateurs et les députés sont plus résignés qu'enthousiastes, ce qui n'est jamais très bon en début de campagne.

Depuis qu'il est revenu au Canada, il y a un peu plus de cinq ans, et surtout depuis qu'il est devenu chef du PLC, il y a deux ans, Michael Ignatieff a appris beaucoup et il est mieux outillé pour se défendre.

Par contre, il devra rapidement hausser le ton contre Stephen Harper et trouver une façon de toucher directement des électeurs qui, à ce jour, semblent lui avoir tourné le dos.

Comme dit un dicton anglophone: on n'a qu'une occasion de faire une première impression. Michael Ignatieff a-t-il irrémédiablement gâché cette occasion?

Les sondages, en tout cas, donnent une idée de la raideur de la côte à remonter.

***

Age > 63 ans (64 ans le 12 mai)

État civil > Marié (deux enfants d'un précédent mariage)

Études > Doctorat en histoire, Université Harvard

Circonscription > Etobicoke-Lakeshore

Avantage pour > Mieux entouré que ne l'était Stéphane Dion. Visage relativement neuf sur la scène fédérale, ce qui évite de traîner les squelettes du scandale des commandites, notamment.

Avantage contre > Peu d'expérience (première campagne comme chef) et difficulté à rejoindre l'électeur moyen; situation désastreuse au Québec en début de campagne et perte d'appuis en Ontario.

Principal défi > Contrer les perceptions négatives à son sujet et s'imposer comme premier ministre en attente.