Stéphane Dion a affirmé jeudi matin que Michael Ignatieff s'était rangé derrière lui après l'avoir directement contredit, la veille.

Lors d'une entrevue avec La Presse, hier, le chef adjoint du Parti libéral a indiqué que sa formation pourrait réduire sa taxe sur le carbone si les circonstances économiques ou la situation financière du gouvernement le justifiaient.  

Cette déclaration est venue directement contredire la position de son chef. Depuis plusieurs jours, Stéphane Dion répète que son Tournant vert, qui prévoit l'imposition d'une nouvelle taxe sur émissions de carbone et qui serait jumelée à des baisses d'impôts, sera adoptée tel que prévu, dès le prochain budget.

«Je sais que le contraire a été dit dans le journal, mais il me confirme qu'il pense lui aussi ce que le chef pense, ce que le parti pense, ce que 230 économistes pensent, que le Tournant vert est un stimulant pour l'économie», a déclaré le chef libéral lors d'un point de presse à Halifax, jeudi.

La Presse canadienne avait rapporté des propos semblables venant du député Bob Rae, un autre gros canon du Parti libéral, mardi. «Et M. Rae et M. Ignatieff ne sont pas du tout en accord pour retarder quelque chose, le Tournant vert qui va aider l'économie», a-t-il dit.

Ignatieff s'explique

Michael Ignatieff a appelé La Presse après la conférence de presse de Stéphane Dion pour expliquer ses propos. «J'ai été formel sur l'importance de maintenir le Tournant vert, surtout parce que dans le secteur industriel, c'est la condition même de la survie économique», a-t-il dit, rappelant du coup qu'il avait lui-même proposé une taxe sur le carbone durant la course à la direction du parti, en 2006.

«Mais comme vous le savez bien, a-t-il ajouté, nous sommes dans une situation économique qui change de jour en jour. Un homme politique responsable doit se rendre compte de la situation économique telle qu'elle est. Dans un gouvernement libéral, on doit agir d'après les faits et les données économiques du moment.»

Or, cette dernière affirmation contredit encore une fois la position du chef, qui refuse depuis plusieurs jours de d'admettre qu'il pourrait ainsi ajuster son plan et sa taxe aux circonstances économiques du moment.

«Mais je suis absolument convaincu que le Tournant vert est à la hauteur de la crise, a cependant renchérit Michael Ignatieff. Il faut agir exactement dans le sens que nous avons proposé depuis le début.»

Attaqué par le gouvernement de Nouvelle-Écosse

De passage à Halifax où il a prononcé un discours devant la Chambre de commerce de la ville, M. Dion a aussi dû défendre son plan environnemental et fiscal face aux attaques du premier ministre conservateur de la Nouvelle-Écosse.

Rodney MacDonald mène une campagne acharnée contre le plan vert et a affirmé jeudi qu'il coûterait 600 millions aux citoyens de la Nouvelle-Écosse chaque année, tandis que les retours ne seraient que de 470 millions.

«J'assure le premier ministre de Nouvelle-Écosse que si je recommande le Tournant vert, c'est que c'est bon pour la Nouvelle-Écosse, je sais que ça va donner des baisses d'impôts significatives pour les citoyens, a quant à lui indiqué M. Dion.

«En fait, les coûts directs seront d'environ d'un dollars par jour pour les familles en Nouvelle-Écosse, alors que les retombées, pour une famille qui gagne 60 000 $ par année, à la quatrième année du plan, seront de 1300 dollars de baisses d'impôts.»