Stephen Harper a entamé ce dimanche matin sa tournée de la dernière chance par une incursion en Mauricie en tentant de déboulonner ce qu'il appelle «les mythes» édifiés par le Bloc québécois contre lui.

Au cours d'un brunch aux oeufs et aux fèves au lard qui rassemblait environ 350 personnes de la circonscription de Saint-Maurice Champlain, M. Harper a répété qu'il n'était pas «le diable» dont parle Gilles Duceppe, «un diable avec un chapeau de cowboy», a-t-il cette fois ajouté.Le chef conservateur, qui s'est vu offrir les fameuses bottes en cuir moulées de Saint-Tite et qui a eu droit à un récital country de la chorale d'enfants Maestro du Lac-à-la-Tortue, a reconnu que les députés du Bloc étaient «des critiques formidables» depuis 18 ans aux Communes mais qu'ils ne seront toujours que des spectateurs, que «des gérants d'estrade» à Ottawa.

Or, a-t-il dit mardi, le Canada aura «probablement» un gouvernement minoritaire, soit conservateur, soit libéral. «Soit un gouvernement conservateur qui va baisser les taxes et les impôts, maintenir l'équilibre budgétaire et suivre un plan économique réaliste, a-t-il ajouté. Soit un gouvernement libéral qui va imposer une nouvelle taxe sur le carbone, retourner en arrière à l'époque des déficits et nous plonger en récession. Mais que le gouvernement soit formé par les conservateurs ou les libéraux, au lendemain de l'élection, les députés du Bloc, eux, seront comme toujours dans l'opposition.»

«Le chef du Bloc, lui, veut que les Québécois restent dans les corridors, les bras croisés», a-t-il encore lancé.

Pour convaincre les Québécois de la valeur de sa gestion et de ses politiques économiques, M. Harper est aussi revenu sur sa série de comparaisons avec les États-Unis.

«Depuis qu'on a formé le gouvernement, on a pris les bonnes décisions en tant que Canadiens, a-t-il dit. Des décisions très différentes de celles prises par le gouvernement des États-Unis. Les Américains font des déficits. Nous, on fait des surplus. Les Américains s'endettent. Nous, on rembourse la dette. On a le plus bas taux de chômage en trente ans. Juste le mois dernier, notre économie a créé plus de 100 000 nouveaux emplois»

M. Harper a ensuite dressé le bilan de ses réalisations au Québec, notamment la résolution du déséquilibre fiscal, la reconnaissance de la nation québécoise et la place donnée au Québec à l'UNESCO.

Silence radio

Après son discours, Stephen Harper s'est abstenu de rencontrer la presse comme à son habitude depuis le début de la campagne. Ses organisateurs ont invoqué un horaire trop chargé.

Mais il semble que la raison véritable de ce silence radio est d'ordre stratégique. M. Harper est à l'heure actuelle moins populaire que son parti dans les sondages. Les stratèges conservateurs estiment qu'il vaut mieux que le chef ne fasse pas trop de vagues en fin de parcours, question aussi d'éviter la gaffe de dernière heure.

Les journalistes auraient cependant beaucoup aimé connaître la réaction du chef conservateur aux accusations de Stéphane Dion, qui l'a qualifié ce matin de «lâcheux» parce que M. Harper a dit qu'il rendrait son tablier s'il était battu mardi. M. Harper n'a pas encore révélé non plus les coûts associés à son plan vert et n'a pas tout à fait clarifier ses intentions à l'égard de la formation de son cabinet s'il n'obtenait pas une bonne représentation au Québec. Il a certes affirmé samedi qu'il voulait des élus au conseil des ministres mais il n'a pas dit clairement ce qu'il ferait s'il n'avait pas suffisamment d'élus compétents au Québec. Aurait-il encore recours à un sénateur non élu ou laisserait-il le Québec sans représentation ministérielle?