Peu importe le coût de la mission afghane, peu importe qu'il en coûte 1500 $ par famille canadienne pour mener à terme cette mission, le chef conservateur Stephen Harper a affirmé ce matin qu'il n'était pas question de reculer et de manquer aux engagements internationaux du Canada en Afghanistan.

«C'est clairement une mission chère», a reconnu M. Harper ce jeudi matin à Vancouver alors qu'il fait campagne en Colombie-Britannique depuis deux jours.Le rapport Impact financier de la mission canadienne en Afghanistan, rendu public aujourd'hui, a présenté une première évaluation complète du coût des opérations militaires, de l'aide au développement et à la reconstruction ainsi que le coût à long terme des soins aux anciens combattants. Pour la période 2001-2002 à 2010-2011, l'évaluation faite par le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, se situe entre 14 et 18,1 milliards de dollars, soit environ 1500$ dollars par foyer canadien.

À ce jour, les estimations des coûts de la mission n'avaient jamais dépassé 8 milliards de dollars. Mais ce chiffre ne tenait pas compte de l'ensemble des dépenses reliées à la mission afghane en dehors des dépenses militaires, soit les dépenses diplomatiques et celles consacrées aux efforts de reconstruction déployés par le Canada.

En pleine fin de campagne électorale, alors que les conservateurs se démènent pour garder la tête hors de l'eau, le rapport de Kevin Page vient quelque peu déranger les plans de Stephen Harper.

Alors qu'il a tenté ce matin d'attirer l'attention sur ses projets pour renforcer le système de santé canadien - notamment un investissement de 10 millions sur deux ans pour améliorer la santé pulmonaire des Canadiens et un autre de 15 millions pour soutenir une étude sur les maladies neurologiques - c'est la mission afghane qui a monopolisé sa conférence de presse quotidienne.

Le chef conservateur ne s'est pas défendu des coûts élevés de la mission, bien au contraire. Il a même réitéré que le Canada était là pour de bonnes raisons, en particulier celle de la lutte contre le terrorisme islamiste. Il a rappelé que les coûts de la mission étaient déjà prévus dans le budget et qu'il était impossible à l'heure actuelle de faire marche arrière, «en tout cas immédiatement», a-t-il dit. Il a rappelé également que ces fonds avaient été approuvés par les autres partis politiques lors de votes en bonne et due forme au Parlement et que la majorité des députés aux Communes appuyaient «l'idée que nous devons entraîner l'Armée afghane pour protéger la population afghane».

«Ça va coûter cher cela aussi, a lancé Stephen Harper. Et nous ne pouvons quitter dans quelques mois. Il nous faut un plan. Nous avons pour l'instant le plan d'entraîner l'Armée afghane et de quitter en 2011. Nous ne pouvons éviter de payer la grande majorité de ces coûts maintenant.»

M. Harper ne s'est pas caché non plus les grandes difficultés de la mission internationale en Afghanistan.

«Je sais que c'est une mission très difficile, a-t-il dit. Je parle régulièrement avec les militaires et surtout avec les familles qui ont perdu leurs êtres chers dans cette mission. Je comprends que le vrai coût de cette mission c'est la vie (humaine). Mais à la fin, deux gouvernement, deux partis, le Parti libéral et le Parti conservateur, ont décidé, ont pris des engagements envers la communauté internationale et la population de l'Afghanistan. Et peu importe le résultat de ces élections, le Canada va respecter ces engagements. Et le Bloc ne vas pas changer cela.»

Fausse transparence, selon Dion

«C'est de la fausse transparence», a réagi le chef libéral, Stéphane Dion, de passage à Halifax où il a prononcé un discours devant la Chambre de commerce locale.

«On a fait une résolution en Chambre comme quoi il y aurait de la transparence dans cette mission, a-t-il ajouté. M. Harper n'honore pas cette motion. On ne sait pas année par année quels ont été les problèmes, on ne sait pas de combien on dépasse le cadre fiscal.»

M. Dion a promis que les choses seraient différentes si les électeurs décidaient de donner le pouvoir à son parti. «Nous aurons un gouvernement transparent», a-t-il affirmé.

«Les Canadiens ont droit à cette information et on l'aura avec moi.»