Après avoir encaissé les attaques virulentes de Gilles Duceppe dimanche, Stephen Harper est finalement passé à l'offensive hier. Le chef conservateur a affirmé que le Bloc ne demande rien de moins qu'un mandat de grève des Québécois aux élections du 14 octobre.

Devant quelque 400 partisans à Laval, le chef conservateur a averti Gilles Duceppe que les Québécois allaient lui envoyer un message clair le jour du scrutin.

«Ils vont dire: monsieur Duceppe, on est tannés de ces attaques personnelles, on est tannés d'être exclus du gouvernement, on s'intéresse à l'économie et on vote conservateur.»

Dans une sortie à Drummondville, dimanche, le chef bloquiste a traité M. Harper de «menteur», «rétrograde», «tricheur», et «arrogant».

Avec la remontée du Bloc au Québec, selon les derniers sondages, M. Harper a bel et bien l'intention de déployer des efforts exceptionnels au cours des derniers jours de la campagne électorale pour tenter de reprendre le terrain perdu. Il est déjà prévu qu'il revienne au Québec à la fin de la semaine. Le chef conservateur s'est ainsi allègrement moqué à Laval du «plan économique du Bloc».

«Vous avez bien raison, a-t-il dit à la foule. Le Bloc n'a pas de plan pour faire face à l'incertitude économique mondiale. Les Québécois sont préoccupés par l'économie, et c'est normal.»

M. Harper a poursuivi en affirmant que le Bloc n'avait non plus aucune vision pour aider les Québécois à protéger leurs revenus. Reprenant un thème déjà exploité depuis le début de la campagne, il a ajouté que le seul plan du Bloc c'est de dire aux Québécois qu'ils ne devraient jamais faire partie du gouvernement.

«Qu'est-ce qu'on fait pour passer à travers une période d'incertitude? a demandé le chef conservateur. Évidemment, on se retrousse les manches et on travaille plus fort. Ce que le chef du Bloc vous demande, lui, c'est un mandat de grève. Il cherche un mandat pour rester dans les corridors au lieu d'être à la table où se prennent les décisions.»

Stephen Harper a également souligné, selon lui, les raisons pour lesquelles le Bloc s'oppose au Parti conservateur.

«Le Bloc nous a appuyés souvent dans le passé, a-t-il expliqué. La vérité est que le Bloc ferait tomber n'importe quel gouvernement fédéral. Parce que le Bloc est un parti souverainiste. Le Bloc ne veut plus vous en parler.»

Plus tôt hier matin à Nepean, près d'Ottawa, le chef conservateur avait lancé à celui du Bloc, Gilles Duceppe, que ce dernier était bien mal placé pour le traiter de diable puisqu'il avait collaboré avec les conservateurs pour renverser le gouvernement libéral en 2006.

M. Harper a aussi accusé le Bloc d'avoir réagi à la reconnaissance de la nation québécoise en affirmant que cette journée-là, le 22 novembre 2006, avait été «un mercredi noir». Selon lui, «le Bloc ne pouvait pas accepter qu'un gouvernement fédéral renforce la place du Québec à Ottawa».

Dans l'ensemble ce fut une journée en dents de scie, hier, pour le chef conservateur, qui s'est engagé dans la dernière semaine de la campagne avec de nouvelles difficultés à surmonter du côté de la situation économique et de mauvaises nouvelles pour son parti dans les sondages.

«J'ai dit au commencement que cette campagne sera difficile», a-t-il cependant rappelé hier matin, après avoir annoncé une bonification de la Prestation universelle pour la garde d'enfants. Ce programme, qui verse 100$ par mois aux familles pour chaque enfant de moins de six ans, sera pleinement indexé à l'inflation si les conservateurs sont réélus. De plus, les parents célibataires qui y ont droit et qui ne gagnent qu'un seul revenu ne seront plus tenus de payer de l'impôt sur cette prestation.