Le chef conservateur, Stephen Harper, a réitéré ce samedi matin à Yarmouth en Nouvelle-Écosse que cela n'a pas de bon sens d'élire quelqu'un au Parlement canadien qui n'a aucune chance de participer un jour au gouvernement.

En réponse à une question de La Presse M. Harper s'en est ainsi pris directement au Bloc québécois comme il l'avait fait la veille à Edmunston en interpellant les Québécois pour leur dire qu'en temps d'incertitude économique l'élection d'un député du Bloc ne les aiderait pas beaucoup.«Je ne comprends pas l'idée ou le principe de ne jamais avoir quelqu'un dans le gouvernement. Ça ne fait pas de sens», a-t-il répété dans un musée à Yarmouth devant une cinquantaine de partisans.

Est-ce à dire qu'un gouvernement conservateur va délaisser les circonscriptions qui vont élire un député de l'opposition, a-t-on demandé au premier ministre.

«Non, ce n'est pas le cas, a-t-il répondu. La réalité est que les décisions importantes sont prises dans le caucus gouvernemental et à la table du cabinet. Et on peut mieux comprendre les besoins - surtout les besoins locaux - surtout s'ils ont des représentants directs pour les exprimer et pour déterminer les vraies priorités. Évidemment, un gouvernement tente toujours de mieux représenter toute la population. C'est à la fin la responsabilité d'un gouvernement élu. Mais c'est beaucoup plus facile de comprendre les besoins des régions si on a à la table un élu qui va exprimer les vraies priorités d'un point de vue local.»

M. Harper a encore soutenu que les Québécois devraient se choisir des représentants qui sont dans la mêlée, pas des spectateurs.

«Je pense que l'idée que les Québécois devraient être dans les estrades juste pour être dans les estrades ne fait aucun sens, a-t-il précisé. Je comprends pourquoi le Bloc québécois aime cette position. C'est à cause de sa philosophie souverainiste. Mais dans une période d'incertitude économique, comment une telle position peut-elle aider les Québécois? Ce n'est pas clair pour moi.»

M. Harper a affirmé que son gouvernement avait déjà montré aux Québécois qu'il pouvait répondre à leurs besoins.

«Mais pour bien comprendre les réalités régionales, a-t-il insisté, on a besoin des députés. Seul le gouvernement à la fin peut agir. L'opposition peut seulement réagir. C'est la différence.»

M. Harper a fait ces réflexions alors qu'il venait d'annoncer de nouvelles mesures pour venir en aide aux économies régionales. Il a d'ailleurs accusé au passage les libéraux d'avoir réduit les budgets destinés à cette fin en 2004 et 2005. Il a promis de rétablir ces compressions.

Pour le Québec, le chef conservateur a affirmé que l'Agence de développement économique du Canada avait perdu 16 millions $ sous les libéraux. «Les libéraux ont réduit ce financement et le Bloc n'a rien pu faire pour les arrêter», a-t-il dit.

Les journalistes ont cependant rappelé au chef du gouvernement que son ministre Jean-Pierre Blackburn avait créé beaucoup de mécontentement au Québec en procédant à des coupes dans certains fonds régionaux destinés à plusieurs entreprises et organismes.

«C'est important de noter que M. Blackburn n'a pas coupé dans le développement économique régional, a rétorqué M. Harper. Au contraire, il a changé les priorités. Il a déterminé que le gouvernement du Canada appuiera désormais des entreprises qui vont créer des emplois au lieu de juste appuyer la création d'une bureaucratie permanente. Nous avons déjà une bureaucratie à Ottawa. Nous n'avons pas besoin d'une bureaucratie financée dans les régions.»