Puisque le Bloc québécois ne pourra jamais freiner complètement le Parti conservateur de Stephen Harper, les progressistes devraient plutôt se tourner vers le NPD, estime le chef néo-démocrate, Jack Layton, qui promet même un fédéralisme respectueux, ouvert et flexible.

Pour la dernière visite du chef au Québec, plus de 700 militants et partisans ont littéralement envahi le Club Soda, au centre-ville de Montréal, dans l'un des rassemblements les plus importants de la campagne du NPD.

 

«Lorsqu'il s'agit de défendre vos priorités et celles de votre famille, M. Harper ne l'a pas fait, Stéphane Dion refuse de le faire et Gilles Duceppe ne peut pas le faire. Mais il y a un autre choix», a lancé M. Layton à la foule enthousiaste.

Dans un discours essentiellement en français, le chef du NPD s'est présenté comme la solution social-démocrate pour «remettre ce pays sur la bonne voie». Il a joué sur le fait que lui-même est «né à Montréal» - il a grandi à Hudson - et qu'il comprend le Québec, contrairement à Stephen Harper.

«Les gens d'ici partagent les valeurs du NPD et sont tannés des vieilles chicanes, a souligné M. Layton, qui faisait campagne hier matin au marché Atwater. Les gens veulent avoir une politique progressiste, social-démocrate, pour la paix, l'environnement, pour les familles. Ils trouvent que le message du NPD et de notre équipe, c'est vraiment quelque chose d'intéressant.»

Le NPD estime qu'il offre aux Québécois ce que le Bloc ne pourra jamais leur donner: un gouvernement progressiste à Ottawa.

«De plus en plus de personnes pensent qu'il faut mettre Stephen Harper à la porte, pas seulement le surveiller. Le Bloc, tout ce qu'ils peut faire, c'est le surveiller. Nous pouvons aller plus loin. Diriger un gouvernement qui reflète les valeurs des Québécois et de beaucoup de Canadiens», a dit le chef.

Le champ des compétences

M. Layton promet d'ailleurs qu'un gouvernement néo-démocrate respecterait les champs de compétence des provinces. La plateforme du parti se positionne en faveur du droit de retrait avec compensation des programmes fédéraux, sans toutefois assurer une «pleine» compensation.

«J'offre un fédéralisme ouvert, flexible, qui respecte le Québec, avec un principe d'asymétrie, à l'image du projet de loi sur les garderies que nous avons soumis, qui contenait une clause spéciale pour le Québec et que le Bloc a appuyé», a souligné le chef néo-démocrate.

Autrefois presque absent de la scène québécoise, le NPD a investi beaucoup pour cette campagne dans la Belle Province, autant en énergie - le chef est venu cinq fois à Montréal, cinq fois à Gatineau - qu'en publicité - un million sur un budget total de 7 millions.

«Ce que j'ai dit pendant la course à la direction, c'est qu'on ne peut pas bâtir une maison si un quart de la fondation n'est pas là. La fondation est maintenant là, on peut maintenant construire toute la maison», a estimé M. Layton, qui juge que son parti a fait d'immenses progrès au Québec.

Si les appuis au NPD ont incontestablement augmenté, notamment avec l'élection de Thomas Mulcair à Outremont en 2007, il n'est pas évident que cela se transformera en sièges supplémentaires.

Le parti avait obtenu 7,5% des appuis au Québec en 2006; les récents sondages le placent actuellement à 12 ou 13% des intentions de vote. En plus d'Outremont, Jack Layton croit avoir de bonnes chances d'emporter au moins trois circonscriptions au Québec: Jeanne-Le Ber, Westmount-Ville-Marie et Gatineau.