La députée sortante de Papineau, la bloquiste Vivian Barbot, s'est entourée des ténors souverainistes Gérald Larose et Jean Dorion pour attaquer hier son adversaire libéral, Justin Trudeau.

Mme Barbot a repris une demande du Bloc québécois, qui veut assujettir les entreprises de compétence fédérale -banques, compagnies de téléphonie et de câblodistribution, par exemple- à la Charte de la langue française. «Le refus du gouvernement fédéral de légiférer en ce sens fait que la francisation stagne au Québec, a affirmé hier Mme Barbot. Pas moins de 200 000 Québécois sont assujettis au Code canadien du travail et à la bonne volonté de leur employeur, qui peut leur imposer de travailler en anglais.»

 

C'est Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté, qui a sonné la charge contre Justin Trudeau. M. Larose a fait un rapprochement entre le candidat libéral et son père, Pierre Elliott Trudeau.

«Ce monsieur est tenant de la même thèse que son père, et donc il ne veut pas reconnaître la nation québécoise», a affirmé M. Larose. Reconnaître le droit de travailler en français, c'est «reconnaître une des caractéristiques fondamentales de la nation québécoise», et M. Trudeau «doit répondre par oui par non» à la demande du Bloc.

M. Trudeau, en route pour Vancouver, n'était pas en mesure de nous accorder une entrevue hier.

M. Larose a fait publier hier dans Le Devoir un texte qu'il signe avec l'ancienne députée péquiste Elsie Lefebvre, dans lequel ils demandent à M. Trudeau d'arrêter de dire des «sottises» sur le bilinguisme. Ce sont d'anciennes déclarations qui reviennent hanter M. Trudeau. En février dernier, il avait affirmé qu'il fallait être «paresseux» pour ne pas apprendre une deuxième langue. En décembre 2007, dans une entrevue accordée à un hebdomadaire montréalais, il s'était prononcé contre la reconnaissance de la nation québécoise.

Dans une entrevue à Radio-Canada, il a refusé de dire si la Charte de la langue française est une bonne ou une mauvaise loi. «Je ne suis pas un expert», a-t-il dit. Puis, le soir de son investiture, il a affirmé: «Je trouve qu'une société qui ne promeut pas le bilinguisme fait preuve d'un petit peu de paresse, mais je n'ai jamais dit que des personnes étaient paresseuses.»

M. Larose rappelle que les Québécois sont de loin les plus bilingues, voire les plus trilingues, en Amérique du Nord. Il a ajouté hier que «le français a reculé partout au Canada, y compris au Québec» depuis la publication, en août 2001, du rapport des états généraux de la langue française.

De son côté, Jean Dorion, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et candidat du Bloc dans Longueuil-Pierre-Boucher, s'en est pris au gouvernement conservateur, qui refuse d'assujettir les entreprises fédérales à la loi 101. «Si on reconnaît la nation québécoise, il faut qu'il y ait une signification concrète à cela, il ne faut pas que ce soit un cadeau vide.»