Gilles Duceppe reconnaît que la lutte s'annonce serrée au Québec dans ces élections générales. De passage dans le Bas-Saint-Laurent, le chef du Bloc québécois a répété hier qu'il ne fallait rien tenir pour acquis devant la menace que constitue, selon lui, une majorité pour Stephen Harper.

«C'est une campagne qui est chaude. La démocratie, c'est un défi permanent, a dit M. Duceppe. Il y a un risque que les conservateurs forment un gouvernement majoritaire. Nous sommes le seul parti capable de les empêcher de faire ça.»

 

Le chef du Bloc québécois réagissait aux propos de la chef péquiste, Pauline Marois, qui a affirmé que la campagne est dure pour les bloquistes.

Mériter la confiance

«Si on veut que des gens nous accordent leur confiance, il faut la mériter, a ajouté M. Duceppe. J'ai toujours dit que des campagnes, c'était un défi. Je ne tiens rien pour acquis.» Plusieurs députés du Parti québécois viendront prêter main-forte aux troupes bloquistes dans les prochaines semaines.

Dans Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, le Bloc présente un agriculteur, Claude Guimond, président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent. L'ancienne députée bloquiste de la circonscription, Louise Thibault, se présente toutefois comme indépendante. Elle a abandonné le Bloc en avril 2007 après des désaccords avec le chef, qu'elle avait qualifié d'intransigeant.

«J'ai bien confiance que Claude Guimond deviendra député. C'est LE candidat souverainiste dans le comté», a rétorqué M. Duceppe, qui ne craint pas qu'une division du vote souverainiste permette aux candidats conservateur ou libéral de se faufiler et d'emporter la circonscription.

«Ça nous est déjà arrivé dans le passé qu'un ancien bloquiste se présente comme indépendant. Et nous avons toujours gagné», a-t-il ajouté.

Ancienne bloquiste

En 2006, Mme Thibault avait remporté la circonscription avec plus de 10 000 voix d'avance sur son plus proche adversaire, dans ce bastion souverainiste détenu par le Bloc depuis 1993.

«Les gens me connaissent bien et ils sont reconnaissants envers ceux qui travaillent avec eux. Je n'ai pas de cassette à me faire imposer, je suis entièrement libre et je ne me préoccupe que des enjeux de la région», a dit à La Presse Mme Thibault, qui estime qu'elle offre un choix à la population du coin.

«Je ne crois pas au vote stratégique», a-t-elle ajouté, accusant le chef bloquiste de faire une campagne de peur et de démagogie.

En après-midi, à Rivière-du-Loup, M. Duceppe a repris à son compte les demandes formulées par le chef de l'ADQ, Mario Dumont, à l'égard d'Ottawa, même si ce dernier a depuis longtemps annoncé qu'il voterait pour les conservateurs de Stephen Harper. Le leader souverainiste s'est même dit «sur la même longueur d'onde» que M. Dumont.

«Les intérêts du Québec doivent passer avant les intérêts de chacun des partis», a estimé le chef du Bloc, qui a réaffirmé sa volonté de voir la nation québécoise reconnue dans la Constitution canadienne.

«Il y a des consensus qui émergent au Québec. Notre devoir, c'est d'en faire la promotion à Ottawa», a-t-il dit en donnant l'exemple du protocole de Kyoto.

M. Duceppe a profité de son passage dans le Bas-Saint-Laurent pour condamner le bilan du ministre du Travail et responsable du développement économique pour le Québec, Jean-Pierre Blackburn, qui a sabré le financement des organismes à but non lucratif, une mesure qui a durement touché la région.

En fin de journée, il a prononcé une courte allocution devant une poignée de militants, à Montmagny, en compagnie de Paul Crête, député bloquiste dans la région depuis 1993.