La plateforme conservatrice en matière d'environnement est une «magouille honteuse», a soutenu hier le biologiste, explorateur et cinéaste Jean Lemire, reçu officier de l'Ordre du Canada.

La sortie de M. Lemire contrastait avec l'ambiance feutrée de la Citadelle, où la gouverneure générale, Michaelle Jean venait de décorer une vingtaine de personnes de l'Ordre du Canada.

 

«Chaque fois que l'économie tousse, l'environnement est mis de côté» a-t-il dit spontanément quand on lui a demandé s'il jugeait que la question de l'environnement était suffisamment discutée durant la campagne électorale.

«Chaque fois, à chaque campagne, on dit que les Canadiens sont rendus là, qu'on doit discuter d'environnement. Malheureusement il y a des manipulations dans le discours politique» a-t-il laissé tomber.

Puis, ciblant clairement le programme conservateur en matière d'environnement, il a dénoncé «des magouilles honteuses, des annonces de 20% dans le plan des conservateurs. On sait tous, ceux qui suivent la question, qu'il s'agit de réductions en intensité, et non en absolu. C'est volontairement complexe, autrement tout le monde comprendrait», a-t-il soutenu.

«Tous les pays du monde ont choisi 1990 comme année de référence. Nous, écrit en petit, on dit que c'est 2006... On ne peut plus se comparer avec le reste du monde. La population ne le sait pas, et c'est dommage. Je ne suis pas pour un parti ou l'autre. Ce qui m'énerve, c'est qu'on ne dit jamais les vraies choses», a dit le capitaine du Sedna IV, vedette d'un film sur le réchauffement de la planète dans l'Arctique, l'an dernier. «Je me sens en campagne électorale» a-t-il ironisé avant d'assurer qu'il ne ferait jamais de politique. Ironiquement, après ce credo, il a reconnu qu'il ne voterait pas mardi. Il sera en Norvège et il a oublié de se présenter au vote par anticipation.

Tournant vert

Quant au programme libéral, qui prévoit une taxe sur les émissions de CO2, il le juge plus acceptable. «Il faut mettre un prix sur le carbone. Il y a deux façons: une taxe sur le carbone ou un marché d'échange. C'est l'un ou l'autre, ou l'un et l'autre. Mais on ne peut pas passer à côté. Les gens sont d'accord pour mettre un prix sur la pollution», observe M. Lemire.

«Mettre un prix sur le carbone est inévitable. On peut attendre un autre mandat si on veut, mais c'est inévitable» a-t-il insisté.