Stéphane Dion gardera le cap avec son Tournant vert et imposera dès le budget 2009 une nouvelle taxe sur le carbone, même si la situation économique du pays se détériore, a-t-il de nouveau indiqué lors d'un point de presse à Toronto, mercredi.

Les critiques des autres partis contre le plan environnemental et fiscal du Parti libéral se multiplient, tandis que la formation continue de grimper dans les sondages. Le leader du gouvernement Harper à la Chambre des communes, Peter Van Loan, est allé mardi jusqu'à se rendre à un discours de M. Dion pour affirmer aux journalistes par la suite dans un corridor que le Tournant vert dévasterait les manufactures, heurterait tous les secteurs d'activité qui utilisent du carburant et causerait des pertes massives d'emplois.  

«Cela ferait vraiment mal à l'Ontario, a-t-il dit. Vous voulez que des emplois quittent l'Ontario? Vous donnez aux manufactures ontariennes une taxe que n'a aucune autre juridiction contre laquelle ils font compétition.»

«Vous pourrez alors parier que les gens qui dirigent ces compagnies et qui ont des manufactures partout en Amérique du nord vont fermer celles qui ont le fardeau fiscal le plus élevé. Et ce seront celles du Canada. Nous ne pouvons nous permettre ce risque», a-t-il conclu.

Stéphane Dion, qui mène campagne en Ontario pendant une bonne partie de la semaine et qui prononçait un discours à l'Empire Club de Toronto, mercredi, a répliqué en disant que ses adversaires faisaient erreur.

Mais allez-vous retarder l'entrée en vigueur de votre taxe sur le carbone, lui ont demandé des journalistes. « Non, parce que ce sera bon pour l'économie », a-t-il répondu du tac au tac.

«On a une quantité d'économistes très sérieux, les meilleurs de notre pays, qui disent que ça va stimuler l'économie. Et en plus, tous les pays qui ont fait leur Tournant vert avant nous ont une croissance économique plus grande que les pays qui ne l'ont pas fait», a-t-il dit en faisant allusion à une lettre ouverte publiée plus tôt cette semaine.

«C'est la simple logique que de taxer moins ce qui fait de la richesse et de taxer ce qui pollue», a-t-il ajouté.

M. Dion a précisé que son plan serait coordonné pour assurer que les entreprises ainsi que les familles de classe moyenne et à faible revenu reçoivent des baisses d'impôt aussi tôt que la taxe entrera en vigueur, pour qu'ainsi le coût de la vie n'augmente pas pour elles.

Il a enfin rejeté les accusations de Peter Van Loan du revers de la main. «Mis à part M. Harper, connaissez-vous un seul économiste qui a dit cela? Vous avez 230 économistes qui ont dit l'inverse. Ils ont dit qu'il s'agit d'un bon moyen de renforcer l'économie. Et ils sont d'accord avec les environnementalistes, tandis que le plan Harper a été rejeté par tous les experts.»