Le Parti conservateur a annoncé vendredi qu'il interdirait les exportations de bitume vers des pays qui n'ont pas d'objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre équivalents à ceux du Canada.

Or, de l'aveu même des ministres de l'Industrie et de l'Environnement, Jim Prentice et John Baird, ces mesures n'auraient pas d'effets immédiats sur les exportations actuelles du Canada, puisque la majeure partie des barils de pétrole ainsi extraites des sables bitumineux de l'Ouest, sont consommées au pays ou exportées vers les États-Unis. «Ça n'affectera pas les contrats existants, a précisé le ministre Prentice. Il est clair que les États-Unis se tournent graduellement vers des politiques semblables aux nôtres en termes d'émissions de gaz à effet de serre.»

Au cours d'une conférence de presse où il a martelé les thèmes de l'importance d'une économie forte et d'une industrie pétrolière propre, le premier ministre Stephen Harper a expliqué que le plan avait pour objectif de faire du pays une «superpuissance énergétique propre».

Il a convenu que son plan pourrait avoir un impact sur des exportations futures vers des pays asiatiques comme la Chine et l'Inde, par exemple. «Nous imposons des règles dans les sables bitumineux pour atteindre des cibles environnementales importantes pour ce pays et nous ne permettrons pas qu'on puisse les éviter en exportant vers des pays qui n'ont pas imposé des standards environnementaux suffisants», a-t-il dit.

Le bitume est du pétrole noir lourd qui doit être traité pour devenir du pétrole brut enrichi. Il peut ensuite être raffiné pour produire de l'essence et du diesel. En 2006, les sables bitumineux étaient de l'Alberta étaient la source d'environ 47 % du pétrole produit au Canada, pour un total d'environ 1,3 millions de barils de bitume par jour.

Cette annonce survient le même jour où La Presse a rapporté que plus de la moitié des rencontres du ministre de l'industrie, Jim Prentice, avec des lobbyistes au cour de l'été, avaient été avec des représentants de l'industrie pétrolière. Pour les employés du bureau du premier ministre, on parle du cinquième des rencontres.

Questionné à ce sujet, vendredi, M. Harper n'a pas voulu dire sur quoi ces rencontres avaient porté, ni admettre que son gouvernement accordait une importance trop grande à l'industrie pétrolière, au détriment d'autres industries ou de considérations environnementales.