De nouvelles voix s'élèvent contre le gouvernement Harper dans le cyberespace.

Plus d'une soixantaine de personnes essentiellement issues du milieu des arts, ont décidé de s'exprimer ouvertement afin de faire front commun contre les conservateurs dans des clips diffusés sur le site unissonsnosvoix.ca.

Après la célèbre vidéo Culture en péril mettant en vedette le chanteur Michel Rivard, voilà que d'autres personnalités connues dont Suzanne Clément, Dan Bigras, Marc Labrèche et Raymond Bouchard prennent part à un nouveau projet mis en ligne dans la nuit de lundi à mardi à l'adresse unissonsnosvoix.ca.

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Cette manifestation virtuelle a été initiée par la réalisatrice du Ring Anaïs Barbeau-Lavalette, par le comédien et cinéaste Émile Proulx-Cloutier ainsi que par la réalisatrice web Mélanie Charbonneau.

Son objectif est clair : empêcher la réélection des conservateurs le 14 octobre.

« Cette urgence-là de s'exprimer m'est venue avant la vague de toutes les coupes en culture, a indiqué hier Anaïs Barbeau-Lavalette, en entrevue à La Presse. C'est d'abord la citoyenne en moi qui a eu peur. Avec les outils que moi je maîtrise, je me suis demandé comment je pouvais agir. Je n'ai pas le goût de ce pays (que nous offrent les conservateurs). » Elle a donc décidé d'agir en tendant le micro à ceux qui souhaitent s'exprimer.

Sur le site, une immense mosaïque d'une soixantaine de photos a été mise en ligne. En cliquant sur chacune d'elles, le message des participants peut être vu et entendu. Les enregistrements ont eu lieu au cours du mois de septembre à Montréal, Québec et Saguenay. Les participants, qui dénoncent autant les coupes en culture que l'envoi de troupes en Afghanistan, par exemple, apparaissent tous devant un fond blanc. Certains clips ne seront toutefois offerts qu'au cours des prochains jours, précise la réalisatrice.

Anaïs Barbeau-Lavalette tient également à souligner que le projet ne vise pas à se prononcer en faveur d'un parti de l'opposition en particulier, mais d'inviter les gens à voter stratégiquement pour battre les conservateurs.

La réalisatrice n'a d'ailleurs imposé qu'une seule règle aux participants : ils devaient livrer leur message simplement, doucement, calmement. Exit le ton revanchard et agressif. « Tout le monde était totalement en accord avec ça », mentionne-t-elle.

Messages clairs

S'ils ont respecté la demande de la réalisatrice, ceux qui apparaissent devant la caméra n'ont toutefois pas mâché leurs mots pour exprimer leur insatisfaction et leur colère envers le gouvernement Harper.

« Peut-être que M. Harper, vous pourriez m'expliquer qu'est-ce qu'on câlisse en Afghanistan et (pourquoi) on refuse d'aller au Darfour ? », lance sans détour le chanteur Dan Bigras en s'adressant directement au premier ministre.

« Pour battre les conservateurs, déclare pour sa part le comédien Raymond Bouchard, il faut faire maintenant un vote stratégique dans l'élection qui s'en vient. Peu importe vos convictions, il faut voter pour le candidat le plus susceptible de battre le candidat conservateur. » L'animatrice, Catherine Pogonat en rajoute. « Harper, tu me fais peur. (...) Tu nous fais honte aux quatre coins du monde. Harper, tu ne me mettras pas en conserve. Tu ne nous mettras pas en conserve. Nous ne sommes pas des conservateurs. » Au départ, une soixantaine de personnes ont répondu à l'appel lancé par Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier et Mélanie Charbonneau.

D'autres voix devraient toutefois s'ajouter au cours des prochains jours puisque les initiateurs du projet invitent la population à se prononcer à son tour.

En naviguant sur le site, les internautes trouveront un numéro de téléphone où ils pourront appeler pour enregistrer leur message vocal. Au moment, de mettre sous presse toutefois, le numéro n'était pas encore disponible. Les citoyens ont également la possibilité de s'exprimer devant la caméra. Ils n'ont qu'à se filmer et à envoyer leur vidéo par courriel à mavoix@unissonsnosvoix.ca.

Engouement

Le site, qui sera en ligne au moins jusqu'au 14 octobre - jour de l'élection -, suscite déjà de l'engouement. Et Anaïs Barbeau-Lavalette semble particulièrement fière des citoyens qui ont accepté de parler haut et fort devant la caméra. « Les gens sont venus avec toute leur vulnérabilité, dit-elle. Personne n'est protégé. C'est plus facile de parler à visage couvert. »