Encore une fois, on voit la marque des deux solitudes. Au Canada anglais, moins de 5% des électeurs jugent que la priorité électorale est la culture, qui arrive au sixième rang des préoccupations politiques. Au Québec, le chiffre grimpe à 19%, de sorte que la culture arrive au premier rang des questions électorales.

Ces chiffres de la firme Influence Communication montrent que le quotidien montréalais The Gazette a visé juste, à la mi-septembre, en expliquant pourquoi le Québec est plus touché par la controverse des coupes dans les subventions aux arts que le reste du pays: la culture est beaucoup plus importante au Québec, notamment parce que le vedettariat est essentiellement local.

 

«L'absence d'un vedettariat canadien anglais explique que la question des coupes touche moins les gens, confirme Stephen Waddell, directeur national de l'Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio. Les Canadiens anglais vivent beaucoup plus dans la culture américaine, du moins en ce qui a trait à la musique et de la télévision. Ils ne se reconnaissent pas nécessairement dans les artistes canadiens.»

Petites provinces

Cela dit, les réactions ont été plus vives dans les petites provinces anglophones. À Terre-Neuve, par exemple, les artistes ont réussi à se faire entendre beaucoup plus qu'ailleurs, si on se fie aux archives électroniques des médias. «Les gens d'ici en ont soupé du gouvernement fédéral qui prend et ne rend pas, commente Carmelita McGrath, directrice du Conseil des arts de Terre-Neuve. Avec l'affaire des revenus pétroliers, le gouvernement conservateur s'est mis beaucoup de gens à dos. Alors l'histoire des coupes dans les arts a trouvé un terreau fertile. Nous avons une culture très forte et homogène, avec beaucoup de musique traditionnelle, qui est centrale dans notre identité que nous sentons menacée.»

De même, en Saskatchewan, une douzaine d'articles ont été consacrés à l'affaire dans les journaux. «Il faudrait qu'un dossier soit vraiment, vraiment important pour générer plus d'attention», estime Ken Sagal, président du Conseil des arts de la province de l'Ouest. Comme la population québécoise est sept fois plus nombreuse, l'intérêt médiatique équivalent serait d'une centaine d'articles, un seuil amplement dépassé dans la presse québécoise.

Curieusement, l'intérêt pour les coupes culturelles est inversé au Québec: l'indignation est plus grande dans la grande région montréalaise que loin des grands centres, selon Jean-François Dumas, d'Influence Communication.