Le Québécois ou le Canadien moyen n'a aucune sympathie pour les artistes qui défilent dans des galas subventionnés pour réclamer plus de subventions, estime Stephen Harper.

Le chef conservateur a fait cette déclaration à Saskatoon, où il a pour la première fois haussé le ton face à ceux qui le blâment pour avoir autorisé des coupes de près de 45 millions de dollars dans des programmes fédéraux destinés à aider le monde culturel.

 

Selon M. Harper, l'électeur moyen comprend que le premier ministre doive gérer la bourse de l'État avec prudence en situation d'incertitude économique, même si cela signifie «des coupes de quelques millions de dollars dans quelques programmes».

«Je pense que les Québécois ordinaires, comme les Canadiens ordinaires, le comprennent», a-t-il dit en conférence de presse en Saskatchewan.

«Quand des travailleurs canadiens ordinaires reviennent à la maison, allument la télévision et voient un groupe de gens à un riche gala entièrement subventionné par l'argent des contribuables, et qui disent que leurs subventions ne sont pas assez élevées, quand ils savent qu'elles ont augmenté Je ne suis pas certain que cela trouve écho auprès des gens ordinaires.»

L'équipe de communications du chef conservateur a précisé que leur patron faisait allusion au gala des Gémeaux, la semaine dernière, lorsque plusieurs personnes présentes ont pris publiquement position contre les récentes décisions du gouvernement Harper.

En pleine campagne électorale, le fond du message reste clair: aux yeux de Stephen Harper, l'enjeu des compressions des programmes culturels n'influence qu'une mince partie de l'électorat et ne devrait pas avoir trop d'impact sur les intentions de vote.

Cette déclaration s'apparente à celle d'autres candidats conservateurs, dont Myriam Taschereau, dans la circonscription de Québec, qui a déclaré que les artistes étaient gâtés. La ministre de la Culture, Josée Verner, a invité le gouvernement du Québec à faire sa part dans le financement culturel plutôt que de blâmer le fédéral. Elle a aussi confié au quotidien Le Soleil qu'aucun électeur ne lui avait parlé de ces compressions depuis le début de la campagne.

M. Harper n'est pas allé aussi loin, hier. Il a même refusé de répéter en français la déclaration sur le gala des Gémeaux, faite en anglais plus tôt dans le point de presse.

Il n'a toutefois pas manqué d'attaquer ses adversaires politiques, dont le NPD. Le parti de Jack Layton a lancé une nouvelle publicité où il dénonce sévèrement les compressions culturelles. «Voilà une publicité fausse et extrême d'un parti sans un programme sérieux de gouverner le pays. Ce sont des belles paroles. C'est la même chose pour le Bloc», a-t-il dit.

Et quant au Parti libéral, il se plaint des coupes, dit-il, alors que le budget qu'il propose dans son programme électoral fait état d'un déficit de 12 milliards. «On peut éliminer tout le ministère du Patrimoine avec les libéraux et il y aurait encore un trou noir dans le budget, a fait valoir Stephen Harper. Avec ces propositions des libéraux, on va avoir des plus grandes coupes et des déficits.»