Une boîte de scrutin endommagée, d'autres perdues, des employés renvoyés et une enquête policière : Élections Canada n'apprécie pas du tout la tournure prise par la campagne dans la circonscription de Québec. Ces ratés ne seront pas sans conséquence. L'organisme fédéral annonce une révision du processus d'entreposage des bulletins de vote par anticipation.

Élections Canada a confirmé hier le congédiement de trois scrutatrices impliquées dans l'affaire des boîtes de scrutin perdues, puis retrouvées au cours du week-end à Québec. Tout commence vendredi, quand le directeur du scrutin décide de rapatrier toutes les boîtes entreposées chez des scrutateurs de la circonscription. Trois manquent à l'appel. Le directeur porte plainte samedi à la police de Québec, qui ouvre une enquête. L'affaire fait grand bruit. Pourtant, ce n'est que dimanche après-midi que l'une des scrutatrices, la mère des deux autres employées impliquées, donne signe de vie aux policiers et que les boîtes sont retrouvées dans un placard de son appartement. L'une d'elles a été abîmée et est descellée.

L'annulation des bulletins évitée

Élections Canada n'a pas voulu commenter les motifs du renvoi des scrutatrices - déjà remplacées -, se réjouissant plutôt d'avoir évité le pire : l'annulation des bulletins. Le contenu des trois boîtes a été jugé intact après vérification du directeur du scrutin et des représentants de tous les partis politiques en lice. Ces fameux bulletins devraient donc être dépouillés puis comptabilisés sans distinction avec les autres ce soir.

Mais Élections Canada a été ébranlé par ces mésaventures et promet maintenant de revoir les règlements en vigueur qui permettent aux scrutateurs de rapporter et d'entreposer chez eux les boîtes et les bulletins du vote par anticipation jusqu'au matin des élections générales.

«Certaines circonscriptions font plus de 300 km : on ne pourrait pas demander à tous les scrutateurs de rapporter les boîtes chaque soir chez le directeur du scrutin», explique Gilles Paquin, porte-parole d'Élections Canada. Mais ce privilège pourrait être annulé dans les petites circonscriptions urbaines où les distances sont restreintes, comme celle de Québec. Ailleurs, l'entreposage des boîtes pourrait être confié aux soins d'un gardien de sécurité, par exemple.

«C'est la première fois qu'un problème survient et il y a 307 autres circonscriptions où tout s'est bien passé, mais on apportera les correctifs jugés nécessaires», a dit hier Gilles Paquin, ajoutant qu'Élections Canada «se serait bien passé de toute cette controverse».

Contestation?

L'organisme fédéral n'est d'ailleurs peut-être pas au bout de ses peines. Le Parti conservateur laisse planer la menace de contester la validité du scrutin. Un avocat du parti surveillera ce soir le dépouillement. «On se décidera ensuite, d'après les résultats. S'il y a des gros écarts entre les résultats des boîtes, on demandera l'annulation», a dit hier la candidate conservatrice, Myriam Taschereau. Si elle est élue, Mme Taschereau proposera aussi que des modifications soient apportées à la loi électorale.

Aucune accusation n'a été portée contre les scrutatrices.